En cette édition, nous abordons la Song Thu Bon, une rivière notable du centre Vietnam, notamment connue pour sa partie basse et son delta où se situent Hoi An et les restes d’anciennes capitales chames dont les légendaires My Son et Sinhapura.
La rivière Thu Bon prend sa source sur les flancs maritimes de la chaîne annamitique et rejoint l’océan au niveau de Hoi An, elle constitue le plus grand réseau fluvial de la province côtière dans la région centrale du Viet Nam. Le système comprend deux rivières principales, la Vu Gia et la Thu Bon. Le bassin de la Thu Bon se constitue d’un réseau complexe de rivières interconnectées est sujette à des inondations annuelles, elle subit le passage annuel de douze typhons ; elle est soumise à des phénomènes météorologiques complexes (fortes pluies, inondations, tornades, typhons), sa pluviométrie annuelle est de 2612 mm.
La haute Thu Bon se situe dans le sud de la province de Quang Nam. Elle prend sa source sur les majestueux flancs orientaux du mont Ngoc Linh, le point culminant de la cordillère annamitique (2598 m). De ces hauteurs brumeuses jaillissent divers cours, dont :
Ces derniers affluent vers le bourg district de Nam Tra My, se frayant péniblement un chemin, coulant et grondant sur leurs lits de galets et de rochers émoussés, dans des combes tortueuses et encaissées, barrées de chutes et de rapides, en temps de mousson grossies d’innombrables autres sources devenant ruisseaux et cascades rugissantes.
En aval de Nam Tra My, la moyenne Thu Bon se dénomme parfois Song Tranh, elle sinue sur un axe sud-nord, sur son passage, elle est notamment alimentée par le Song Tien. Le cours s’y distingue par la présence du site de My Son, ancienne capitale royale du Champa (royaume d’Amarâvatî) dont le port est Cua Dai Chiem (Hoi An). Le moyen bassin de la Thu Bon est également connu pour ses sites d’anciennes mines d’or chame (Bong Mieu, non-loin du lac de Phu Ninh).
La moyenne Thu Bon est stratégique durant la guerre du Vietnam, s’y dressent divers camps, le plus notable étant celui d’An Hoa (ou Duc Duc,15°47’20.26″N 108° 4’39.08″E). La base se situe à environ vingt-huit kms à l’ouest de Hoi An, à quatre km au nord-ouest des temples de My Son, le long d’une courbe de la Thu Bon. La base est utilisée à partir de janvier 1966, lors de l’opération Mallard, lorsque le 1er bataillon, 12e Marines y établi une base de feu pendant que le 1er bataillon, 3e Marines et une compagnie du 2e bataillon, 9e Marines « nettoient » les environs. Le Marine PFC Dan Bullock, le plus jeune militaire américain tué au combat pendant la guerre du Vietnam, meurt à An Hoa le 7 juin 1969.
La zone de la moyenne Thu Bon est également le théâtre de l’Opération Union, opération se déroulant dans la vallée de Que Son (au sud-est de My Son).
A la fin de son parcours, en arrivant vers son delta, la Thu Bon se constitue des confluents des Song Vu Gia et Thu Bon ; elle forme un delta complexe (le Song Cua Dai) dont les flots rejoignent le Pacifique (Mer de l’Est) au sud de Hoi An. Ces derniers s’y dispersent en direction de Cu Lao Cham, un archipel situé non loin au nord-est.
Le delta de la Thu Bon est occupé depuis l’antiquité.
Le guide Madrolle de l’Indochina dépeint ainsi le delta : … le port de mer du Grand Champa du pays d’Amarâvatî, arrosé par les eaux du sông Thu Bôn. Ce fleuve était connu sous le nom chinois de Houai, d’oi son homophobe dans le Hoai Phô « marché fluvial du Hoai », autre nom annamite de. Phai Phô. Le commerce de ce port paraît avoir été toujours entre les mains des Chinois du Sud ; du reste, la province fut possession chinoise bien avant notre ère. Ce centre dut connaître une période particulièrement brillante à l’époque du Champa, lorsque ses souverains eurent dans la région leurs premières capitales (IIe au Xe s.). Alors, les jonques chinoises et japonaises y croisaient des jonques de l’Insulinde. Les bateaux cham fréquentaient parfois les ports de Chine et, à chaque nouveau règne, ils y déposaient les ambassades les objets de tribut pour l’Empereur. Parmi les présents les plus prisés, on cite les « tissus de soie du Champa », alors très réputés dans tout l’Extrême-Orient. Pillé lors des diverses invasions chinoises et annamites, le port cham fut réuni au royaume d’Annam en 1471. Les Européens, venus pour commercer dans les mers de chine, y eurent à diverses époques des comptoirs. Les Hollandais, les Portugais, les Anglais, les Français y installèrent des établissements.
Au départ d’Hoi An, la Thu Bon est une invitation au voyage avec divers modules à pied, à vélo, en kayak, en bateau, voire en véhicule vintage, entre sa source des hauteurs du puissant Ngoc Linh, et les superbes campagnes parsemées de rizières, de fermiers travaillant dans leurs champs et de buffles d’eau, sources de nombre d’artisanats locaux incluant, entre autres, la vannerie, la confection de bateau-panier, de nattes en jonc, ou encore la concoction de rhum. Une chance aussi d’y explorer les vestiges des anciennes capitales chame du delta.
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