Le terme « Indochine » était dans l’esprit de son promoteur, Malte-Brun en 1810, une entité à la fois géographique et culturelle. Le but de notre géographe était de signaler l’influence déterminante et de l’Inde et de la Chine sur les populations… de la péninsule.
Fort bien, mais les îles ? La distinction île – péninsule ne pose aucun problème sur un plan géographique, en revanche, eu égard aux pratiques culturelles, religieuses et aux configurations ethnolinguistiques, il n’y a aucune frontière tranchée qui permettrait de séparer les îles de la péninsule.
Un deuxième point à souligner est que des populations continuent de vivre à l’écart des influences indiennes et chinoises ; qu’on les appelle « minorités ethniques », ce qui ne veut pas dire grand-chose, ou « protos indochinois », ils sont toujours bien présents dans cette partie de l’Asie et ne peuvent être passés sous silence.
Il serait ainsi bien plus correct de parler d’Asie du Sud-Est. Seulement voilà… les textes des Malraux, Loti, Dorgelès ont fait leur œuvre… qui n’a pas rêvé de temples mystérieux perdus au cœur de forêts profondes ? « Indochine » conserve pour les Français une telle puissance évocatrice et poétique qu’on ne saurait l’en frustrer.
Cette série de conférences est une invitation au voyage, au rêve, à la découverte et, pour ceux qui sont déjà venus dans la région, une incitation au retour et à se replonger dans ce monde avec un œil nouveau.
Rêver, mais aussi comprendre et prendre la mesure des défis auxquels nous convie un monde autre.
Amica Travel vous convie à 10 conférences qui vous proposent des clés de compréhension de cette région du monde où vivront bientôt 700 millions de personnes.
Une description pays par pays aurait été concevable et beaucoup d’ouvrages ont opté pour cette solution ; ce ne sera pas notre choix. Nous avons décidé de mettre en valeur des dimensions historiques, politiques et religieuses qui transcendent les frontières actuelles.
L’Inde et la Chine sont des pays qui, en tant qu’États-nations, s’identifient à des configurations culturelles singulières dont rendent compte les thèmes de l’indianité et de la sinité; mais qu’en est-il de ces thèmes une fois exportés vers un monde autre ? Nous avons choisi deux espaces, le Cambodge et le Vietnam, pour décliner ce concept d’Indochine. Il était difficile de choisir deux mondes aussi proches et pourtant si différents qu’aussitôt la frontière franchie, le voyageur le moins averti a le sentiment d’une rupture profonde.
Comprendre la genèse d’un monde n’est pas qu’un exercice d’érudition, mais un instrument indispensable pour (re)penser l’actualité, imaginer le futur et réfléchir dans une nécessaire optique d’altérité.
La préhistoire d’une configuration géographique particulière avec des populations qui ont subsisté jusqu’à aujourd’hui. Cette conférence s’attachera à définir cette Asie du Sud-Est, « socle des invasions et écharpes des moussons », selon la belle formule de Paul Mus, en insistant sur l’origine et l’histoire de ses composantes ethniques.
Cette conférence fera le point sur nos connaissances concernant l’indianisation de l’Asie du Sud-Est. Un grand craquement silencieux de l’histoire qui eut lieu au début de l’ère chrétienne et qui se traduira par l’arrivée de religions, institutions et formes artistiques indiennes dans toute l’Asie du Sud-Est. Trois thèmes essentiels guideront l’exposé : les causes premières de cette influence, les modalités et les conséquences.
La Chine fera suite à l’inde avec, cependant, une nuance de taille : si l’influence culturelle indienne a rarement été directe, l’influence culturelle chinoise est allée de pair avec des conquêtes militaires. Cette conférence examinera la conquête chinoise de l’espace vietnamien et les influences subséquentes en termes de langue / écriture, institutions et religions. Une problématique guidera cette approche historique : comment le monde vietnamien a-t-il pu éviter l’assimilation tout en absorbant cette influence et en la mettant à profit ?
Il ne s’agira pas ici d’histoire de l’art à proprement parler, mais bien de ce que l’art nous révèle de l’histoire du pays khmer. Cette présentation s’attachera à décrire la statuaire khmère en montrant comment l’évolution de ses formes (6ème – 15ème siècle) peut servir de baromètre de la vie politique de l’ancien Cambodge et permet aussi de mettre en lumière des traits récurrents de la vie politique cambodgienne.
L’histoire du Vietnam se confond avec près de 2000 ans de guerre. Cette identification ne relève pas d’une fioriture rhétorique et pour s’en convaincre, il suffit de considérer l’œuvre de Nguyen Trai (1380 – 1442) qui écrivit ses plus beaux textes dans la guerre, des hymnes grandioses à l’humanité conçus à partir d’un cadre national singulier. En arrière-plan, sera décrit le creuset bien moins visible, mais essentiel, d’où a émergé le pays tel que nous le connaissons aujourd’hui : l’endiguement du fleuve rouge et la marche vers le sud.
Cette conférence proposera une analyse du protectorat français sur le Cambodge à travers la fameuse « place de la poste » dont les bâtiments ont été conçus par l’architecte Daniel Fabre entre 1889 et 1897. Adjacent à la poste centrale de Phnom Penh, cet ensemble architectural nous offrira l’occasion d’analyser le « choc » culturel, économique et politique entre le Royaume du Cambodge de l’époque et les velléités de réforme du protectorat français (1863 – 1953).
De Thăng Long qui cessera d’être capitale en 1802 au profit de Huếpour devenir en 1887 capitale de l’Indochine française, Hà Nội offre une richesse architecturale sans pareil en Asie du Sud-Est. Cette conférence traitera de l’Indochine française (1887 – 1954) et prendra comme illustration l’architecture de la ville. Urbanisme et description des styles architecturaux qui se sont succédé pendant cette période permettront de relater et d’analyser la présence française au Vietnam.
La période sur laquelle porte cette conférence va de l’indépendance octroyée par la France (1953) aux élections organisées sous l’égide de l’Autorité Provisoire des Nations-Unies pour le Cambodge (1993). 40 années où, à l’espoir immense qu’allait susciter le régime du Prince Sihanouk, succèdera la barbarie de la guerre civile et les horreurs perpétrées par le régime des Khmers Rouges. Au-delà d’un exposé simplement linéaire des évènements, il s’agira de proposer des clés pour comprendre une époque d’instabilité politique extrême : la succession, souvent violente, de pas moins de 6 (!) régimes politiques.
Cette conférence portera sur la période qui s’étend de 1945 aux années 90. Une cinquantaine d’années, de la fin de la présence française (1954) aux controverses en mer de l’Est. Elle mettra un accent tout particulier sur les deux conflits indochinois, la guerre française (1946 – 1954) suivie de près par la guerre américaine (1960 – 1975), les deux Vietnam, ainsi que sur la période qui a suivi la réunification du pays (1976).
Par excellence, le thème d’une actualité tellement brûlante qu’on en oublie l’arrière-plan historique. Or, c’est précisément dans ce cadre historique que les soubresauts des dernières années font sens. Cette conférence proposera une analyse géopolitique de l’histoire de la Chine et manifestera le balancier expansion / replis, qui a caractérisé sur le temps long la politique extérieure chinoise, à partir des voyages de l’amiral Zheng He (1405 – 1433) jusqu’à la fin de la révolution culturelle (1976). Cette présentation s’efforcera de relier cette problématique historique aux évènements les plus récents.
Ces dix conférences en ligne seront animées par Jean-Michel Filippi, linguiste, anthropologue, et spécialiste du Cambodge et de l’Asie du Sud-Est. Elles auront lieu tous les 4e dimanche du mois à 10h00 (heure française), à partir du dimanche 30 juillet 2023.
Chaque conférence est d’une durée approximative de deux heures, incluant un question-réponse en fin de session. Un lien de participation vous sera envoyé à l’approche de la date de l’événement.
Rendez-vous donc le dimanche 30 juillet 2023 à 10h00 pour la première conférence de la série. Afin d’organiser au mieux cette conférence, nous vous remercions de bien vouloir nous donner votre réponse au plus tard le mercredi 26 juillet 2023.
Voici le lien pour vous y inscrire : Votre inscription aux conférences “Mieux comprendre l’Indochine”