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Estampes populaires Đông Hồ, témoignage de la richesse culturelle vietnamienne

Revenant d’un voyage au Vietnam, on se demande bien souvent quels cadeaux l’on peut ramener à nos proches et amis. Si l’idéal serait un cadeau typique du pays, évocateur de ses charmants paysages plein d’exotisme, de ce grouillement de vie si particulier,  alors rien de mieux qu’une estampe populaire du village de Đông Hồ (à ne pas confondre avec đồng hồ, qui signifie une montre !). Cet artisanat est un véritable symbole de la culture traditionnelle populaire qui a réussi à se tailler une place de choix dans l’art folklorique vietnamien.

Le village de Đông Hồse situe dans le delta du fleuve Rouge, à 35  kilomètres à l’est d’Hanoi. Réalisées par les paysans locaux, les estampes de Đông Hồ reflètent parfaitement des scènes de la vie à la campagne : travail dans les rizières, animaux que l’on élève (buffle, cochon, poulet…),  fêtes traditionnels (mariage, fête au village…), etc. On a l’habitude, à l’occasion du Têt traditionnel, d’acheter quelques estampes pour décorer sa maison.

La préparation des matières premières pour fabriquer les estampes populaires Đông Hồdemande beaucoup d’habileté et de patience de la part de l’artisan car tous les ingrédients nécessaires sont naturels. Les estampes sont fabriquées à partir de papier traditionnel «dó» (papier d’origine végétale). Celui-ci est ensuite enduit de poudre de coquillages blancs, rendant la surface brillante.  Les feuilles sont teintées avec des couleurs naturelles telles que la sève de sumac, l’obier ou hibiscus pour le rouge, les aiguilles de pin et les coquilles d’huîtres écrasées pour le vert, les cendres de paille de riz et de feuilles de bambous brûlées pour le noir, les pousses de sophora pour le jaune, la nacre moulue pour le blanc, etc.

Fabrications des estampes populaires de Đông Hồ

La technique n’est pas simple non plus. Tout d’abord, il faut graver des planches de bois pour constitue des dessins. Ensuite, on imprime la gravure sur la feuille «dó». On utilise une plaque pour chaque couleur. L’artisan doit donc préparer plusieurs gravures pour constituer une estampe. Parfois il utilise aussi le pinceau si nécessaire.

Une planche de bois

Les planches de différentes couleurs

Les significations des estampes populaires Đông Hồ se divisent en plusieurs groupes : certaines expriment les souhaits des habitants vers une meilleure vie, d’autres évoquent des scènes de la vie quotidienne, les fêtes traditionnelles ou encore les événements historiques du pays.

Découvrons les significations des estampes populaires Đông Hồ les plus connues :

Famille de cochons

La maman cochon est dessinée avec une grande tête, de grandes oreilles et avec les tourbillons du yin et du yang représentant l’abondance et l’intégrité dans la vie. Son sourire exprime la plénitude, le bien-être. Ses enfants qui se réunissent autour d’elle représentent une vie familiale heureuse. Selon la tradition asiatique, une famille se dit heureuse quand elle a beaucoup d’enfants.

Famille de cochons

L’estampe « Famille des poulets » exprime également le souhait d’avoir une famille nombreuse et heureuse.

Famille de poulets

Mariage des souris

Dans cette estampe, le chat représente les méchants mandarins ou les hobereaux qui opprimèrent les paysans. Les souris représentent, quant à elles, les pauvres. Pour que le mariage se déroule bien, la famille des souris doit déposer des offrandes à Monsieur le Chat. À travers cette iconographie riche et bonne enfant, l’artiste révèle la corruption des mandarins et des hobereaux.

La peinture peut aussi être une belle illustration du mariage traditionnel dans lequel le marié est représenté à cheval et la mariée portée sur une chaise en bois.  L’ambiance est animée au son des trompettes, annonçant la joie de la procession.

Mariage des souris

Enfant qui joue à la flûte en élevant son buffle

L’estampe exprime le rêve d’une vie paisible. Sous l’ombre de la feuille de lotus verte, un enfant joue de la flûte paisiblement. Les mélodies sont si harmonieuses que le buffle tourne la tête pour écouter. On remarque que le buffle n’a pas de corde au cou, ce qui exprime la liberté et l’insouciance.

Enfant qui joue à la flute en élevant son buffle

Femme trompée, femme furieuse

Cette estampe se veut un conseil aux hommes de ne jamais tromper leur femme. Dans quel cas celle-ci pourrait devenir furieuse et l’homme subir sa colère. On souhaite aussi transmettre un conseil aux couples : la fidélité est gage de vie heureuse et tranquille.

Femme trompée, femme furieuse

L’héroïne Ba Trieu à dos d’éléphant

L’estampe met en scène Madame Trieu, une héroïne vietnamienne qui combattit les envahisseurs chinois. Madame Trieu était une belle jeune femme courageuse et distinguée qui apparaissait toujours à dos d’éléphant, ce qui impressionnait ses ennemis.

L’héroïne Ba Trieu à dos d’éléphant

La classe du lettré Crapaud

L’estampe représente une classe d’un village de la campagne. Le Crapaud est l’enseignant et les petites grenouilles sont les élèves. La classe se tient chez le lettré, en dessous d’un sapin. Celui-ci, bien droit, incarne les règles morales de Confucius que les hommes doivent toujours respecter.

Famille de cochons

Les lettrés étaient autrefois très respectés des élèves.  Ces derniers offraient le repas à leur maître en signe de dévotion. Un proverbe populaire dit : « Pour que l’enfant soit bien élevé, il faut qu’il aime son maître ». Le maître recevait également des offrandes des parents pour que celui-ci prenne bien soin de leur enfant.

On remarque aussi dans la scène en bas à droite, la maman qui frappe son enfant avec une canne en rotin pour l’obliger à se rendre à l’école.

Source photos: Internet

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Phuong Nhung

Mon nom signifie « Herbes Parfumées ». À travers mes récits, je souhaite vous emmener à visiter mon pays natal dans son authenticité et à rencontrer ses populations gentilles et accueillantes.

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Phuong Nhung
Pays : Vietnam