Le Bakong est le premier temple-montagne en grès construit à Angkor, ce dans les dernières décennies du IX ième siècle de notre ère. Il sert de temple-État officiel du roi Indravarman Ier dans l’ancienne cité de Hariharalaya.
Indravarman Ier, premier et dernier roi de la période angkorienne avait établi sa capitale à Hariharalaya, non loin de l’actuel Roulos. Il y entreprit un vaste programme de construction, quelques jours après son couronnement en 877, il lançait les travaux de l’Indratataka, un monument situé au nord de sa capitale. Ensuite il fait édifier le temple de Preah Ko dont la vocation était d’honorer la mémoire de ses ancêtres. Puis il construit le Bakong, son temple-État.
Le Bakong a une structure d’une pyramide à degrés, un temple-montagne de l’architecture des premiers temples khmers. Du Bakong, outre la pyramide et les édifices des deux premières enceintes, s’élèvent des sanctuaires de briques et de grès qui se répartissent dans la troisième enceinte encadrée d’un réseau complet de bassins carrés. Chaque bassin mesure environ 60 x 60m, l’intervalle entre chacun a la même dimension et ils se succèdent sur une longueur totale de 540m.
Le site de Bakong mesure neuf cent mètres sur sept cent mètres, et se compose de trois enceintes concentriques séparées par deux douves, l’axe principal allant d’est en ouest.
La pyramide elle-même comporte cinq niveaux. De grandes statues de pierre représentant des éléphants sont placées comme des gardiens aux coins des trois niveaux inférieurs de la pyramide. Elle est reconstruite par Maurice Glaize à la fin des années 1930 selon les méthodes de l’anastylose. Au sommet se trouve une tour unique, de provenance beaucoup plus tardive, dont le style architectural n’est pas celui des fondations d’Hariharalaya du IXe siècle, mais celui de la ville temple du XII ième.
Bien que la pyramide ait dû être couverte à une époque de sculptures en stuc en bas-relief, il n’en reste aujourd’hui que des fragments. Un fragment de scène dramatique impliquant ce qui semble être des asuras au combat donne une idée de la qualité probablement élevée des sculptures. Des statues de lions gardent les escaliers.
Le répertoire iconographique du temple de Bakong est abondant, varié et étroitement associé à son contexte architectural, il permet de retracer l’histoire du monument et les transformations de son panthéon. À chaque période d’occupation correspond une thématique et une distribution des cultes qui résultent du choix personnel du souverain. Ainsi, sous le règne d’Indravarman Ier, le panthéon est dominé par Shiva dont la représentation est placée au centre et au sommet de la pyramide, exerçant le rôle de pôle de diffusion du pouvoir unificateur de la royauté. L’association de la pyramide symbolisant l’axe de l’univers, des douze lingas marquant le temps cyclique et des astamurti, fait du temple de Bakong une représentation, à l’échelle humaine, du macrocosme sur lequel s’exerce le pouvoir divin du roi. Le temple semble avoir conservé cette dominante shivaïte au moins jusqu’au début du XII ième siècle et sans doute jusqu’à la fin du XIII ième (l’iconographie du Bakong, Sharon Alvares, Histoire de l’art N20, p 27-38 1992).
Au début du XX ième siècle il ne restait du sanctuaire que sa base, entre 1936 et 1943, le temple est reconstruit par Maurice Glaize, architecte et archéologue français, membre de l’École française d’Extrême Orient et conservateur d’Angkor de 1937 à 1945.