Dans la suite des épisodes sur le haut plateau central, nous abordons le sujet de la province de Mondulkiri.
La province de Mondulkiri (Monthol Khiri, littéralement le Centre des Montagnes) s’étend au sud du haut plateau cambodgien. La capitale est Sen Monorom (Senmonorom) et son emblème est le kouprey (Bos sauveli), un genre de buffle sauvage proche du gaur.
Il y a encore peu, la province de Mondulkiri est une des plus reculées du Cambodge. Elle se compose d’un entrelacs de plateaux basaltiques, de collines, de savanes, de marais, de forêts clairières et de jungles denses sur terres rouges. Mondulkiri est frontalière :
Sur sa façade occidentale, elle se constitue des pénéplaines bordant le Mékong, espaces solitaires recouverts de forêts clairières.
Les principaux sommets sont :
Ces hauteurs alimentent une myriade de cours tortueux coupés de chutes comme celle de Bou Sraa, les plus notables étant les Dak Dana, Dak Deurr, Prek Chhlong et Dak Lok ; ils affluent soit vers le nord et la Srépok ou vers l’ouest et sud-ouest en direction du Mékong.
En son sud-est, la province s’élève sur les flancs du plateau du Yok Laych, dôme volcanique bossué constitué d’un ensemble de mamelons couverts de prairies-steppes et de bosquets, aux vallées boisées et encaissées. Ce plateau est naguère nommé Toit de l’Indochine ou Plateau des Herbes, il sépare les affluents du Mékong de ceux des grands fleuves du Sud Vietnam (Song Be et Dong Nai).
Les légendes mnông relatent que la mer recouvrait autrefois cette région et que les buttes du plateau sont les vagues restées figées pour l’éternité.
Mondulkiri est le pays des Proto-Indochinois, minorités ethniques d’origine austronésienne ou austroasiatique : Mnông, Tampua, Kraol et Stieng, paysans de la forêt ; ces derniers vivent dans sa crainte et dans celle des génies, leur vie s’organise autour de cycles agraires liés aux moussons. Ils pratiquaient la technique de l’essartage ou brûlis, la cueillette, sont d’habiles pisteurs et chasseurs.
Durant l’époque khmère rouge, ils sont concernés par les programmes d’épuration ethnique et durent parfois se terrer dans le fond de leurs jungles pour échapper au régime de Pol Pot. Désormais, ils vivent en lisière de forêt ou le long de pistes, dans des demeures khmérisées ou traditionnelles, maisonnées basses et sombres aux toits de chaume.
Le groupe ethnique majoritaire est celui des Mnông (Phnong, Punong, Pnong ou Bunong), quarante et un mille au Cambodge, deux cent mille au Vietnam. Le centre du pays mnông s’étend jadis sur le sud-est du Mondulkiri et au centre-sud Vietnam.
Ils sont opposés à toute idée de pénétration étrangère. De fait, suite aux actions des Français, la grande révolte des Mnông commence en 1912 avec des attaques de forts et de convois. En 1914, la femme et la fille d’un des leaders de la révolte, Pu Trang Long, sont d’abord violées puis mutilées à mort par les miliciens khmers de l’explorateur – administrateur Henri Maitre. La révolte s’étend alors rapidement sur tout le plateau, d’autres postes dont celui de Bou Sraa sont attaqués. En août 1914, l’assassinat d’Henri Maitre dans le village de Bu Nor, suivi du massacre du poste de Mera rompt les liens entre le pays mnông, la royauté khmère et l’administration coloniale française.
La pénétration française s’arrête, d’autres représentants de l’administration présents dans le Mondulkiri sont pareillement éliminés. Dans les années 1930, les autorités coloniales retournent sur ces hauteurs et y construisent d’autres postes, des aéroports de brousse et des routes. Entre 1931 et 1935, les attaques mnông reprennent mais sans grand succès. Les Français utilisent l’aviation, via des bombardements et la destruction des réserves de paddy, ils mettent un terme à la révolte en 1935.
Durant la guerre du Vietnam, Mondulkiri est un fief khmer rouge, ses étendues sont régulièrement bombardées par les B-52. Puis, dans les années 1990, la province s’ouvre et divers sites potentiels y apparaissent.
Désormais les sites les plus remarquables sont :