En cette publication, nous revenons vers la région du Nord-Est Laos, également connue sous la dénomination de Haut Laos ou plateau de Tra Ninh – Xiang Khouang ou de Phongsavan. Une des régions les plus mystérieuses de l’Indochine péninsulaire, notamment à cause des énigmes flottant au-dessus de l’antique civilisation mégalithique l’ayant parsemé de centaines de jarres, pierres funéraires et de monolithes.
Le Nord-Est Laos fait partie d’un enchevêtrement de massifs recouvrant le nord-ouest Vietnam, le nord de la Cordillère annamitique et le nord-est Laos. Il s’étend sur les provinces de Houaphan (Hua Pan, Hua Phan, Houaphanh), Xiang Khouang, la zone spéciale de Xaisomboun et le nord-est de la province de Luang Prabang. Au centre de cette région, s’étend le plateau de Tra Ninh (Trân Ninh), vaste étendue ondulée ceinturée de toute part de hauts massifs schisteux, granitiques ou calcaires et, dominé au sud par le Phu Bia, point culminant du Laos (2830 m).
Trois parcs nationaux et diverses réserves se situent dans la région :
Elles sont le sanctuaire de nombreuses espèces, notamment :
Entre 5000 av. J-C et l’an 800 de notre ère, la région est dominée et façonnée par une mystérieuse civilisation mégalithique proto-indochinoise, probablement des Khmuique (Austro-asiatiques), ces derniers érigent des mégalithes, parsèment le plateau de Tra Linh de champs de jarres à l’usage incertain.
Les champs de jarres se dispersent sur le plateau, les plus connus étant les sites 1-2-3 ; une soixante d’autres sous-sites se retrouvent sur le plateau et le long de la Nam Khan, sur des hauteurs, le long de hautes crêtes (site 52), sur les cols des ancestrales voies commerciales, sur les flancs du Phu Bia, mais aussi sur le plateau de l’Isarn et en Inde du Nord.
D’après des chercheurs, le plateau du Tra Ninh aurait été le centre d’un vaste réseau d’échanges, un point de passage de caravanes, d’où l’apparition d’une civilisation protohistorique fleurissante, vénérant monolithes, menhirs, tumulus, cairns, cercles de pierres sacrées et autres artefacts ; singulièrement comparable aux civilisations mégalithiques européennes, d’Arabie, africaines ou américaines. Une cité opulente se serait dressée non loin de Bang An (ouest du site N1), ville éphémère en bois précieux dont les princes et leurs nombreux esclaves se seraient religieusement consacrés à la construction de monolithes et de jarres, façonnant inlassablement argile, grès et granite.
D’après une légende, les jarres seraient l’œuvre de géants, ancêtres des Khmu, elles leur auraient servi de coupes pour l’alcool de riz, emportées sous le bras dans les expéditions de chasse ou de guerre. Les pierres en forme de calottes qui, dans les champs funéraires sont placées en cercle autour de certains récipients monolithiques, seraient les tabourets des colosses.
Entre 1945 et 1954, diverses actions se déroulent dans le Nord-Est, entre Corps expéditionnaire français et Hmông versus Vietminh et Pathet Lao.
Entre 1954 et 1975, sa partie nord (Sam Neua) est contrôlée par le Pathet Lao et l’Armée nord-vietnamienne, sa partie centre et sud (Xiang Khouang) par les forces gouvernementales appuyées par la CIA et l’USAF, elle devient une des régions les plus bombardées au monde, dans le cadre de la guerre secrète, (1962-1975), le théâtre d’affrontements incessants, un des plus mémorables étant celui du Phu Pha Thi (ou LS 85, janvier 1968).
Le voyage dans le Nord-Est Laos présente divers avantages et charmes. Il permet de rentrer dans une Indochine péninsulaire inconnue, sauvage et préservée. Le voyageur y découvrira divers sites historiques antiques ou plus contemporains, il y rencontrera divers peuples, notamment lors du Nouvel an Hmông de Phongsavan. Via certains modules de trekking et de camp en jungle avec les rangers du parc national de la Nam Et, il s’immergera dans ses merveilles naturelles.
De nouvelles routes venant du Vietnam via le sud du delta du Fleuve et par la province de Nghe An en facilitent l’accès.
Les hôtels y sont pittoresques comme notamment l’Auberge Plaine des Jarres, niché au milieu d’une colline verdoyante ayant une vue imprenable sur le plateau de Phonsavan. Une base idéale pour explorer ces champs énigmatiques qui parsèment les alentours, et rencontrer des Phuan, les premiers habitants de la plaine, dans leur village spécialisé dans la production de cuillères en acier, matériaux directement prévelé des bombes américaines ; tout en cheminant le long de sentiers utilisés à l’époque par le Pathet Lao et le Vietcong où prospèrent aussi çà et là des communautés hmông.
Lire notre article sur le Phu Pha Thi