Les dinosaures règnent sur Terre durant l’ère du Mésozoïque, entre – 250 millions et 65 millions d’années (Ma).
Cet âge qui se divise en trois périodes :
Il se termine par la cinquième « extinction de masses » que la terre ait connu, au cours de laquelle les dinosaures non aviens, les ammonites et de nombreuses autres formes de vie disparaissent suite à l’impact d’une énorme météorite. Celle-ci, qui mesure vraisemblablement près de dix km de diamètre pour mille milliards de tonnes, provoque un choc d’une énergie correspondant à dix milles fois celle émise par la déflagration de toutes les bombes de l’humanité (cinq milliards de fois celle de la bombe atomique larguée sur Hiroshima le 6 août 1945). Le cratère d’impact de Chicxulub situé sur les côtes du Yucatan au Mexique en est le témoin moderne.
Durant le Crétacé (de -145 Ma à -66 Ma), la Pangée, ce supercontinent formé au Carbonifère qui regroupe presque l’ensemble des terres émergées, finit de se scinder pour former les continents actuels, tandis que l’océan Atlantique s’élargit. Le Gondwana qui commence à se détacher vers – 200 Ma se fracture en Antarctique, Amérique du Sud et Australie tout en s’éloignant de l’Afrique.
Bien qu’il débute par un refroidissement amorcé à la fin du Jurassique, le climat du Crétacé est globalement chaud et sec. L’activité volcanique sur les dorsales océaniques qui s’intensifie libère des quantités majeures de dioxyde de carbone, synonyme d’effet de serre et d’augmentation des températures autant terrestres qu’océaniques (respectivement plus de 10°C et de 7°C qu’aujourd’hui à la fin du Crétacé supérieur).
Sous ce climat ardent se développe une végétation principalement constituée :
Un climat qui influence drastiquement l’existence des organismes, qui se composent :
Nombreux vestiges de dinosaures sont retrouvées dans les formations géologiques du bloc de Shan-Tai, ou Sibumasu, qui s’étalent sur :
C’est au sein de ce dernier bloc, au niveau de la formation des « Grès supérieurs » du Laos, dans le bassin de Savannakhet, dont les strates remontent aux stades Aptien-Albien du Crétacé inférieur (entre -100 et -125 Ma), que sont récoltés les premiers fossiles par le géologue-paléontologue français Josué-Heilmann Hoffet.
Affecté au Service Géologique de l’Indochine basé à Hanoi où il étudie les formations continentales du Bas-Laos, ce pionnier collecte en 1936, près de Ban Tang-Vay, les premiers os dinosauriens jamais trouvés au Laos ainsi que des restes de tortues et de crocodiles, que les locaux décrivent comme des restes de « buffles sacrés ». En 1942, il publie la description de quelques ossements de titanosauridés du Sénonien du Bas-Laos, créant de fait deux nouvelles espèces : le titanosaure de Muong Phalane, le Titanosaurus falloti, un imposant dinosaure herbivore et quadrupède, et l’hadrosaure Mandschurosaurus laoensis, un plus petit dinosaure herbivore et bipède à bec de canard, qui vivent tout deux vers la fin du Crétacé aux alentours de – 80 Ma.
Lorsque le pays rouvre ses frontières en 1990, le paléontologue Philippe Taquet, alors directeur du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, s’envole pour Vientiane et Savannakhet pour poursuivre les travaux de Hoffet, dans le cadre d’une mission franco-laotienne, avec une idée en tête : retrouver le site de Ban Tang Vay. Conjointement aux travaux menés en Thaïlande, plusieurs gisements fossilifères du Crétacé inférieur sont révélés, avec à la clé des ossements et empreintes de sauropodes (attribués à la nouvelle espèce dit Tang-vayosaurus hoffeti, ou « lézard de Tang Vay » – qui, avec le genre Phuwiangosaurus sirindhornae trouvé en Thaïlande, constitue les seuls sauropodes connus d’Asie du Sud-Est), de théropodes et d’ornithopodes ainsi que des restes de tortues, de bivalves d’eau douce et de plantes fossiles.
Par la suite, des campagnes internationales et franco-laotiennes se succèdent, dont notamment celle de Dinosavan : les dinosaures du Paradis menée par l’équipe du paléontologue Ronan Allain du MNHN de Paris, soutenu par la National Geographic Society, et en association avec l’équipe de Thiengkham Xaisanavong du Musée des dinosaures à Savannakhet.
Sur le site de Ban Kalum sont finalement mis au grand jour de nouveaux spécimens dont notamment :
À noter aussi que des proches cousins du siamotyrannus de la famille des sinraptoridés, dits « voleurs chinois » découverts en Thaïlande, sont soupçonnés d’avoir peuplé le Laos.
Somme toute, les faunes du Crétacé inférieur d’Europe et celles d’Asie du Sud-Est partagent de nombreux points communs, et certaines familles de dinosaures, crocodiles, ptérosaures, mammifères, et tortues sont exclusivement connus sur ces deux continents à la fin de cette ère.
Une partie des restes exhumés sont exposés au musée des dinosaures de Savannakhet, un lieu à visiter après un voyage à Champassak, le bourg qui accueille le site archéologique préangkorien du Vat Phou classé à l’UNESCO, ou une retraite insulaire entre les dites quatre mille îles, un archipel fluvial couronné d’une infinité de gros îlots liquides frémissant entre les rapides ; ou depuis Luang Prabang, la capitale envoutante au patrimoine architectural d’exception.