Lors d’un voyage au Vietnam, vous allez voir qu’elles sont de partout. Tout d’abord dans le paysage par ses champs, ses vendeuses ambulantes et ses marchés aux fleurs. Mais aussi dans la culture, le culte et dans la vie quotidienne de tous les Vietnamiens.
La fleur est source de nombreuses inspirations artistiques au Vietnam. En témoignent les nombreux termes et expressions vietnamiennes ayant des connotations florales : « co hoa tay » (être adroit avec ses mains), « sô dào hoa » (être le chouchou des dames), « hoa dèn » (la mèche d’une bougie), « mat hoa » (beau visage d’une femme) ou encore « hoa tai » désignant une bouche d’oreille.
Les chansons vietnamiennes font quasi tous référence à une fleur, sous la forme d’un titre entier, ou d’un simple couplet. Les chansons les plus populaires sont par ailleurs des chansons d’amour et de fleurs.
Sur le plan des livres romanciers, la fleur n’est pas en reste. On peut évoquer « Nhi dô mai » (Les pruniers ont fleuri deux fois), « Hoa tiên » (Les feuillets fleuris), un conte de Truyên ky man luc (vaste recueil de merveilleuses légendes) qui raconte l’histoire d’une fleur à l’âme réincarnée.
La fleur tient une place prépondérante dans l’artisanat : du motif décoratif sur broderie aux tableaux, en passant par la sculpture, la vaisselle, les bibelots en laque, l’architecture (pagode au pilier unique de Hanoï ou la tour Bitexco de Saïgon), etc.
La fleur se déploie également sur les fameuses robes traditionnelles vietnamiennes, les ao dai. Elle donne aussi la forme des cols rabattus de certaines chemises pour les hommes.
Enfin, au Vietnam, les noms des fleurs sont très utilisée en tant que prénoms pour les jeunes filles.
La fleur tient un rôle primordial au Vietnam lors du culte des ancêtres. Les fleurs les plus populaires sont les « hoa soi » (eugenia), « hoa ngâu » (aglaia), les roses, les orchidées, les « hoa môc » (aplotasis), etc. Seules les fleurs s’ouvrant la nuit sont prohibées, car elles sont considérées comme des fleurs de luxure, à l’image du jasmin.
La famille des fleurs tubéreuses s’emploient pour les funérailles et ne sont pas utilisées en tant qu’offrandes.
L’entrée des temples et des pagodes se compose toujours d’une cour remplie de végétaux et d’arbres en fleurs. Parmi eux, les frangipaniers, les flamboyants et les pamplemoussiers sont quasi toujours présents.
Même lors des mariages dits « laïques », la religiosité s’exprime par les offrandes ornées de magnifiques fleurs.
On pense de suite à la plus gracieuse des fleurs, le lotus sacré. Cette fleur est emblématique du Vietnam mais aussi à plusieurs peuples d’Asie et d’Afrique. Symbole de pureté car elle émerge des fonds boueux pour s’ouvrir au ciel de manière gracieuse, elle représente aussi le sexe féminin, la matrice première des forces biologiques, le Bouddhisme, et l’élan vital de la volupté. Un célèbre proverbe vietnamien illustre bien les paradoxes incroyables de cette fleur : « Gân bùn mà chang hôi tanh mùi bùn » (Poussant dans la boue, le lotus n’en a pas l’odeur nauséabonde).
Présentes sur les autels des ancêtres ou en simple décoration dans leurs splendides vases en céramique, les fleurs sont attestées dans les jardins royaux et particuliers depuis le règne de Lê Dai Hành au Xème siècle et surtout à partir de la dynastie des Ly (XI-XIIème siècles). De nos jours, il suffit de remarquer ses bouquets de verdure dans tous les jardins des Vietnamiens. En ville, les pots prennent le relais sur les balcons, devantures et terrasses. Les plantes et les fleurs symbolisent la richesse et la protection contre les mauvais esprits. C’est aussi à cette période, que des villages dédiés à l’horticulture sont nés. Certains subsistent encore aujourd’hui comme le quartier de Quang Ba à Hanoï et qui alimente toujours en fleurs, la capitale du Vietnam.
Les fleurs d’ornements les plus communes sont :
La cuisine vietnamienne, fine et diététique est du en partie à la grande place accordée aux fleurs, graines, feuilles et autres racines tubéreuses. Le lotus notamment se démarque encore par sa complémentarité, puisque elle entre dans la composition de plats délicieux tels que le poulet ou pigeon cuit à l’étouffée aux graines de lotus, ragoût de pattes de cochon avec la racine de lotus, ou encore les fameux desserts : che sen ou en confiture.
Séchées, les fleurs s’utilisent depuis la nuit des temps pour la préparation des infusions régénératrices. On retrouve ici encore le lotus, aux vertus soporifiques, le jasmin pour l’éveil, la rose contre la toux, l’hibiscus pour son parfum délicat.
En soupe, la fleur “thiên ly” ou celle du jasmin sont privilégiées pour parfumer les potages. Provenant d’une liane qui pousse souvent dans les campagnes vietnamiennes, elles peuvent être aussi sautées avec de la viande.
En salade, la fleur la plus utilisée au Vietnam est la fleur du bananier, craquante, à la saveur douce, qui imbibe facilement la vinaigrette, mélangée avec des nouilles, en soupe de poulet ou avec du canard, elle se révèle délicieuse. De nombreuses autres fleurs servent uniquement en tant que décoration. Dans la cuisine impériale de Hué par exemple, la sculpture des fruits et légumes reprend quasi exclusivement la forme d’une fleur.