Wat Tomo
Érigées au milieu d’une forêt dense de dipterocarpes dans le Sud Laos, les ruines du temple préangkorien Wat Tomo, aussi nommé Um Muang ou Uo Moung, sont un complexe méconnu du grand public qui s’enveloppe de bien des mystères.
Ce site se situe à seulement deux kilomètres au sud du complexe du Wat Phou, près du Houei Tomo, un petit affluent de la rive est du Mékong, au sud du Laos, dans le district de Champassak, une région formée par le mont Champassak, surplombé plus loin par la frontière thaïlandaise et le plateau de l’Isan.
Carte au 250 millième du bas bassin du Mékong laotien, au nord Champassak, au sud le site dit des quatre milles îles
Zone archéologique de Vat Phu, vue du sud. Le Wat Tomo au sud-est – dessin, de Pierre Pichard
Probablement construit au IXe siècle par le roi khmer Yasovarman Ier comme l’un des cent deux sanctuaires pour les adorateurs du dieu hindou Shiva, et dédié à son épouse, Rudrani, le Wat Tomo constitue l’un des quatre sanctuaires construits au pied de la Lingaparvata sacrée (aujourd’hui la montagne granitique Phou Kao) contenant une forme naturelle de linga, un symbole de Shiva.
Village du bassin du bas Mékong. Huile sur panneau encadrée de T. Than.
Quasiment dévoré par la jungle environnante et enrobé de mousse, le site se compose d’une esplanade bordée de lingams et de deux pavillons de temple délabré, séparés par deux entrées ornées (gopuras) – dont une restant encore sur pied – le tout ceinturé de murs de revêtement en latérite ancienne et d’un escalier raide en pierre (aujourd’hui effondré et non praticable) menant à la rivière Huay Tomo en contrebas, un petit affluent du Mékong, qui semble être l’entrée originelle du temple, d’où jadis accosté des bateaux depuis une jetée. À noter que selon certains dires, le Wat Tomo se trouvait autrefois sur une île alimentée par un système d’irrigation cheminé via un aqueduc en pierre.
Dans le couloir ouest, le complexe abritait un linga à quatre faces (Mukhalinga), une représentation symbolique de Shiva (ayant l’image d’un ascète brahmane portant une longue barbe et amaigri par le jeûne) gravée de quatre têtes humaines qui était originellement appuyé contre la fenêtre intérieure droite de la galerie intacte ; avec d’autres linteaux en grès in situ minutieusement sculptés de nagas et de détails floraux ; ainsi qu’une sculpture de Shiva chevauchant le taureau Nandi.
Vestiges d’un naga sacré
Depuis la ville de Champassak, mélange harmonieux de demeures coloniales et d’habitats traditionnels lao, excursion vers le Wat Tomo. Déambulation au sein des 700 mètres de ruines, avant de s’imprégner de l’ambiance villageoise préservée du Ban Tomo au cours d’une échappée à bicyclette. Découverte aussi du fameux site archéologique préangkorien Vat Phou, inscrit en 2001 au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, avant de réaliser une croisière sur le puissant Mékong en direction des quatre mille îles, un archipel fluvial couronné d’une infinité de gros îlots liquides frémissant entre les rapides.
Le bassin du bas Mékong laotien. Exploration en Indochine 1866, 1867, 1868. Paris : Librairie Hachette, 1873.