Originellement fondées par les autorités coloniales françaises, sous le couvert de raisons médicales, pour soustraire quelque temps ses soldats aux conditions climatiques difficilement supportables pendant la saison chaude, les stations d’altitude devinrent par la suite des lieux de villégiature très prisés par l’élite coloniale.
Au départ des Français en 1954 ce sont les élites khmères et vietnamiennes qui profitèrent de ces installations situées dans des cadres naturels enchanteurs. Ces anciennes stations de villégiature de l’Indochine française ont perduré, traversant les turbulences de l’histoire et les affres de la modernité avec plus ou moins de succès.
Aujourd’hui ces stations d’altitude mais aussi quelques-unes situées en bord de mer, constituent toujours autant des destinations privilégiées pour tout voyage au Vietnam et au Cambodge.
La plus connue de tout le Nord Vietnam. Bourg isolé et enclavé dans les hautes montagnes tonkinoises, Sapa fut fondée vers la fin du XIXème siècle lorsqu’une ligne ferroviaire reliant la ville portuaire de Haiphong à Lao Cai, ville frontalière avec le Yunnan, fut mise en service. Au sanatorium militaire et à la mission catholique succéda l’arrivée des colons français qui bâtirent villas et hôtels pour accueillir la bourgeoisie de la capitale de l’Indochine française venue chercher un peu de fraîcheur et se désaltérer le regard. Il ne reste que quelques vestiges de la présence française : l’église et quelques villas. Bétonnage anarchique pour accueillir toujours plus de touristes, Sapa a vendu son âme au tourisme. Dommage, le cadre est grandiose !
Située à seulement 85 kilomètres de Hanoï, la station climatique de Tam Dao perchée à 912 mètres d’altitude était un lieu de villégiature très prisée de l’élite coloniale de Hanoï. Détruite en grande partie durant la guerre du Vietnam, les vestiges coloniaux se résument à une église, une fontaine, deux ponts et les fondations de villas françaises. Tam Dao est aujourd’hui fréquenté, surtout le week-end et l’été, par les Vietnamiens qui viennent y chercher de la fraîcheur, le dépaysement et des photos de mariage !
Encore plus proche de Hanoï puisqu’elle n’est située qu’à seulement 60 kilomètres. Culminant à 1300 mètres d’altitude, la station climatique de Ba Vi accueillait militaires et civils français et mandarins du gouvernement colonial. Aujourd’hui parc national, Ba Vi est apprécié pour sa flore et sa faune riches et diversifiées, ses sources d’eau, ses cascades, son grand lac artificiel et temple sacré de l’Oncle Hô situé sur l’un de ses sommets.
Cette station balnéaire, située à 22 kilomètres du port de Haiphong, à l’ouest de l’île de Cat Ba et de la baie d’Halong, fut créée à la fin du XIXème siècle pour servir de base de repos aux militaires français permissionnaires et de lieu de villégiature pour les civils français. Le gouverneur général Paul Doumer et l’empereur Bao Daï y avaient leur villa, le casino était célèbre dans toute l’Indochine et les fêtes étaient somptueuses dans les élégants hôtels. En partie détruite par le Vietminh durant la guerre d’Indochine, il ne reste que quelques villas et la station balnéaire devenue terriblement laide est aujourd’hui connue des jeunes hommes en goguette venus chercher les plaisirs faciles et ses deux fêtes annuelles au cours desquelles sont organisés des combats de buffles.
Située à seulement 25 kilomètres de la ville de Tourane (actuellement Danang), dans le centre du Vietnam, et s’élevant à 1400 mètres d’altitude dans la chaîne montagneuse annamite Truong Son, fut construite en 1919 avec l’ouverture d’un sanatorium. Jouissant d’une vue époustouflante sur la baie de Tourane et d’un climat agréable, la station climatique de Ba Na connue un succès fulgurant. Des hôtels rivalisant d’élégance et jusqu’à 200 villas furent construits. Abandonnée pendant une trentaine d’années, Ba Na connaît une renaissance avec un groupe d’investissement vietnamien qui en a fait une station d’altitude délirante et kitsch où l’œuvre majeure est le pont d’or, Câu Vàng en vietnamien, un spectaculaire pont piétonnier long de 150 mètres tenu par deux mains géantes, dites “mains des dieux”.
Située dans les Hauts Plateaux du Centre sur le plateau du Lang-Bian exploré en 1897 par le célèbre docteur Alexandre Yersin, la station climatique de Dalat fut créée au début du XXème siècle sous l’impulsion du gouverneur général de l’Indochine française, Paul Doumer. « La ville de l’éternel printemps » est la station climatique qui a le plus préservé son patrimoine architectural colonial. En déambulant dans la ville de Dalat vous pouvez admirer des villas et chalets à l’architecture exceptionnelle dissimulée dans la pinède, l’ancien lycée Français Alexandre Yersin, le couvent des Oiseaux, la cathédrale tout de rose vêtue, la villa de l’empereur Bao Daï ou encore l’ancienne gare de Dalat, copie conforme de celle de Deauville.
Cap Saint Jacques, aujourd’hui Vung Tau, fut la première station de villégiature créée en Indochine. En 1893 elle fut un sanatorium avant de devenir une station balnéaire en 1905 attirant les colons de Saïgon qui s’y pressaient pour profiter des plaisirs de la mer. Très prisé des Saïgonnais, surtout pendant les vacances et les week-ends, la ville a connu un développement urbain qui n’est pas des plus heureux. Malgré cela, la ville qui se nomme maintenant Vung Tau vaut bien une petite balade pour voir la “Villa Blanche” construite pour le gouverneur général Paul Doumer en 1898, son phare au mécanisme d’origine, ses vieux pavillons militaires et son église. Balade à faire avant de prendre le bateau rapide pour se rendre dans l’exceptionnel archipel de Con Dao, marqué par une empreinte historique coloniale des plus sordides.
Ces deux stations, une en altitude et l’autre en bord de mer jouissent aujourd’hui d’une popularité renaissante. Situées dans la partie sud du pays, l’une des plus belles, ces destinations ne sont pas à manquer lors d’un voyage au Cambodge.
Située à environ 70 kilomètres de Kep et seulement une quarantaine de la charmante ville portuaire de Kampot, la station climatique du Bokor fut érigée en 1917 par M. Baudoin, ancienne Résident Supérieur, sur les hauteurs du massif de l’Éléphant à plus de 1000 mètres d’altitude, offrant une vue à couper le souffle sur le golfe de Thaïlande. Découvrir les vestiges de la station climatique du Bokor est l’occasion d’une très belle excursion au cœur du parc national de Preah Monivong. Détruite par les Khmers Rouge, il ne reste que de très rares villas, une église et l’ancien casino qui fut d’un majestueux style art déco et longtemps en ruine, et qui aujourd’hui est rénové dans un style qu’on vous laissera juger.
La seule station balnéaire de l’époque coloniale au Cambodge, créée en 1908, pour accueillir les élites khmères et coloniales. De somptueuses villas furent construites pour le gratin de Phnom Penh qui aimait y venir passer des heures paresseuses. Même après le départ des Français, Kep connu des heures fastes grâce au prince Norodom Sihanouk qui entreprit de rénover la cité balnéaire pour en faire le Saint-Tropez asiatique des années 1960. Symbole de la décadence bourgeoise, Kep fut détruite en très grande partie par les Khmers Rouge. Depuis quelques années, Kep renaît de ses cendres et s’affiche sans complexe comme une destination de charme encore bien préservée du tourisme de masse, à contre-sens de Sihanoukville à jamais souillée par la cupidité.
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Très bel et intéressant article. Je salue le travail de votre équipe qui nous livre de passionnants reportages. Merci à vous !
Et merci à vous pour vos fidèles lectures !
L’équipe 360 Indochine, blog d’Amica Travel.