Thich Nhat Hanh est certainement le moine bouddhiste vietnamien le plus célèbre. Ce poète, érudit et militant pour la paix est en effet reconnu pour ses puissants engagements et d’avoir été l’un des pionniers du bouddhisme et de la pleine conscience en Occident. Retour sur la vie de ce grand sage.
Ses premières années au Vietnam
Thich Nhat Hanh (prononcé en français : Tik – Nyat – anne) est né sous le nom de Nguyen Xuan Bao à Hué en 1926, à l’époque en Indochine française. Sa vocation religieuse se manifeste très tôt et il entre au temple Tu Hieu en tant que novice à l’âge de seize ans.
Au début des années 1950, il s’engage pour un renouvellement du bouddhisme vietnamien, plus ouvert et accessible. Il fut l’un des premiers moines à étudier un sujet profane à l’université de Saïgon.
Lorsque éclate la guerre du Vietnam, il rejette l’idée de se confiner paisiblement au monastère et sort donc des murs pour répondre directement à la souffrance et aux crises sociales et politiques, en organisant notamment l’aide aux victimes de la guerre. C’est le “Bouddhisme engagé” qu’il évoque dans son premier livre “ Vietnam : le lotus dans une mer de feu”. Ces premières actions débouchent sur une la création d’une école de la jeunesse et du service social, basée sur les principes bouddhistes de non-violence et d’action humanitaire et qui comptera près de 10 000 bénévoles durant la guerre. Il fonde également pour les adultes, l’université bouddhiste Van Hanh à Saigon, la maison d’édition La Boi et une revue militante influente pour la paix. Enfin, en 1966, il établit l’Ordre de l’inter-être, un nouvel ordre basé sur les préceptes traditionnels du bodhisattva bouddhiste.

Thich Nhat Hanh enseignant au Vietnam dans les années 1960. Il est rapidement et affectueusement renommé “thay” à savoir “le professeur”.
Son voyage aux États-Unis, puis l’exil en France
Thich Nhat Hanh se rend une première fois aux États-Unis en 1961 pour donner des cours de religion à l’université de Princeton et à l’université de Columbia. Mais son grand voyage marquant dans le pays de l’Oncle Sam sera en 1966, où il rencontre le Dr Martin Luther King qui lui propose de recevoir le prix Nobel de la Paix en 1967. Ce dernier dira du moine qu’il est “un apôtre de la paix et de la non-violence dont la paix intérieure et l’humilité sont palpables”. Mais à la suite de cette mission américaine, le Nord et le Sud Vietnam lui ont refusé le droit de retourner au Vietnam, commença ainsi un exil qui durera 39 ans.
Mais cet exil confèrera au moine, une véritable stature de guide universel puisqu’il en profitera pour beaucoup voyager, répandant un message de paix et de fraternité, tout en faisant pression sur les dirigeants occidentaux, afin de mettre fin à la guerre du Vietnam. En 1969 lors des pourparlers de paix de Paris il jouera un rôle déterminant et décidera également à ce moment-là de s’installer en France. Il donne des cours en tant qu’enseignant-chercheur à l’université de la Sorbonne durant ses premières années de vie dans l’Hexagone.

Sa rencontre historique en 1966 avec le Dr Martin Luther King.
Fondateur du Village des Pruniers
La genèse de ce projet émerge lors de la création en 1975 de la communauté des Patates Douces près de Paris. Rapidement, Thich Nhat Hanh manque de place pour accueillir une communauté de fidèles de plus en plus grandissante. En 1982, il s’installe donc dans un site beaucoup plus grand, dans le sud-ouest de la France pour fonder le “Village des Pruniers”. Cette petite ferme rurale deviendra le plus grand et le plus actif monastère bouddhiste d’Occident. On compte en effet à ce jour, plus de 200 moines résidents et jusqu’à 8000 visiteurs par an, croyants ou non et provenant du monde entier, tous venus apprendre “l’art de vivre en pleine conscience”.
Cet art de vivre incorpore d’anciennes pratiques bouddhistes mais dont l’essence a été simplifiée pour la rendre accessible à tous. Les fondements de son enseignement repose sur la pleine conscience du moment présent et de l’inter-être (tiep hien en vietnamien) qui souligne que rien n’existe de manière isolée. Ces enseignements démontrent des preuves avérées dans la réduction du stress et de l’anxiété pour un développement personnel en harmonie avec soi-même et respectueux des autres et de l’environnement.
Suite au succès de ces enseignements, il fonde le mouvement Wake up, destiné à rassembler des jeunes du monde entier prônant cette façon de vivre et surtout de le transmettre au sein d’un programme international proposé dans les “Wake up schools”.

Un enseignement à destination des enfants au Village des Pruniers. Photo : Village des Pruniers.
Une célébrité et un retour au Vietnam
Thich Nhat Hanh s’est appuyé sur son aura pour continuer à porter un message de paix universelle, en dirigeant des événements pour des membres du Congrès américain ou encore pour des parlementaires de nombreux autres pays. Il s’est également illustré par ses interventions à l’UNESCO, à la banque mondiale, à Google et à l’université Harvard.
Après des décennies d’exil et suite à son souhait d’y demeurer pour le restant de ses jours, il est finalement autorisé par le régime vietnamien à retourner vivre ses dernières années au temple de Tu Hieu, où il décèdera paisiblement le 22 janvier 2022, à l’âge de 95 ans. Pour la postérité de son œuvre, ses cendres ont été dispersées dans ses centres de pratiques aux quatre coins du monde.

Son retour au temple de Tu Hieu à Hué afin d’y demeurer pour le restant de ses jours.
L’histoire de Thich Nhat Hanh est ainsi celle d’un moine bouddhiste vietnamien parmi les plus connus et les plus vénérés à ce jour. Par la puissance de son engagement et la portée symbolique de son message, il réussit à fédérer une communauté importante autour de lui. Depuis sa disparition, les fidèles et disciples perpétuent son œuvre universelle au sein des onze monastères créés, de l’Ordre de l’inter-être et par la promotion de ses livres.
