Située dans la province de Ninh Binh, la région de la baie d’Ha Long terrestre est un écrin naturel d’une beauté spectaculaire.
Un ensemble de monts calcaires
Elle délimite le sud-est du massif de Phu Ly – Ninh Binh, un ensemble de monts calcaires datant d’environ 250 millions d’années, une vaste zone karstique s’étirant sur quatre-cents km de long et trente à soixante km de large dans le nord-ouest du Vietnam, représentant la partie nord des chaînes de Truong Son, l’épine dorsale qui sert de frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam.
Des grottes et des myriades de petits cours
D’aspect imposant, le centre de la région se constitue de bourrelets et de pics calcaires boisés, alternant avec des lignes de crêtes dentelées, entre elles se succèdent une série de vallées verdoyantes, parfois dominées de falaises blanchâtres percées de grottes. Ces dernières forment un labyrinthe souterrain sous le massif et relient parfois entre elles des vallées. La myriade de petits cours, canaux et étangs caractérisant la baie d’Ha Long terrestre se déversent dans le Song Long Giang (au nord) et dans le Song Day (à l’est, au niveau de Ninh Binh), cours affluents vers le fleuve Rouge au niveau de Nam Dinh.
Le temps et l’histoire ont façonné cette région en y créant une multitude de combes et de marais, ainsi que plusieurs écosystèmes de forêts inondées et de forêts sur calcaire, ce qui a engendré une biodiversité unique et variée.
Ce site, où montagnes calcaires et vallées verdoyantes se mêlent harmonieusement, abrite une biodiversité exceptionnelle, préservée dans des écosystèmes à la fois terrestres et aquatiques.
Des forêts aux multiples visages
Ces hauteurs calcaires sont recouvertes de forêts sempervirentes et forment des habitats remarquables. Les forêts, peu altérées sur les basses altitudes, regorgent d’espèces d’arbres étonnants comme l’amandier d’Inde orientale (Terminalia myriocarpa, le cho xanh des Vietnamiens), le cannelier (Cinnamomum balansae, le vu huong), et le vatica (Vatica tonkinensis, le tau ruoi).
Dans les zones plus élevées se dévoilent des bois peuplés de nageia (Nageia wallichiana, le kim giao), de cyprès (Fokienia hodginsii, le po mu), et le silba (Cupressus tonkinensis, le hiang dan), ce dernier étant inscrit dans le Livre Rouge du Vietnam.
Les forêts secondaires, quant à elles, témoignent de l’adaptation de la nature après les impacts humains. Elles abritent des figuiers géants (Ficus spp.), des fougères arborescentes, et même des arbres fruitiers cultivés tels que la pomme cannelle (Annona squamosa). Ces espaces, bien qu’altérés, continuent d’offrir un refuge à une faune variée.
Les écosystèmes terrestres
L’écosystème terrestre de la région se compose de plusieurs types de formations végétales, incluant :
- Forêts sempervirentes peu perturbées.
- Forêts secondaires dominées par des figuiers géants, des fougères arborescentes et des plantes grimpantes.
- Fourrés arbustifs et prairies secondaires, riches en fougères et herbacées comme le setaria (Setaria spp.).
- Plantations cultivées, notamment le riz (Oryza sativa), le maïs (Zea mays) et des arbres fruitiers.
Ces écosystèmes terrestres abritent 179 espèces animales, dont des espèces rares comme le langur de Delacour (Trachypithecus delacouri), singe endémique menacé, ainsi que des oiseaux remarquables tels que le grand calao (Buceros bicornis), la brève à nuque bleue (Hydrornis nipalensis), le bulbul marron (Hemixos castanonotus), le bruant de Tristan (Emberiza tristrami Swinhoe) et le caïque à queue courte (Graydidascalus brachyurus). Les reptiles, tels que le python réticulé (Python reticulatus), témoignent également de cette diversité.
Les écosystèmes aquatiques
Les eaux limpides et sinueuses de la région, ponctuées de grottes et de vallées immergées, forment un écosystème aquatique riche et varié. S’y trouvent :
- 258 espèces de phytoplancton et 60 espèces de macrophytes (plantes aquatiques).
- 22 espèces de zooplancton et 95 espèces benthiques vivant au fond des cours d’eau.
- Le rare scorpion d’eau ou nèpe (Lethocerus indicus), insecte indicateur de la pureté de l’eau.
Ces zones humides attirent également des espèces d’oiseaux aquatiques comme la foulque macroule (Fulica atra) et la grande aigrette (Ardea alba).
Un héritage à protéger
La couverture forestière de la baie d’Ha Long terrestre, avec sa diversité d’habitats et d’espèces, incarne un trésor naturel unique. Chaque arbre, chaque animal, et chaque vallée témoigne de l’harmonie entre la nature et le temps. Préserver cet équilibre fragile est essentiel pour garantir à ce joyau de continuer d’inspirer et d’émerveiller les générations futures.