En cette édition estivale, nous abordons le sujet de la vallée de Phan Rang, une région naguère connue sous le nom de royaume du Panduranga et se distinguant par ses allures méditerranéennes.

Une vallée dominée par de nombreux massifs

La vallée de Phan Rang s’étend dans le nord de la province de Ninh Thuan, au centre-sud Vietnam.

  • Au nord, elle est dominée par les massifs du Bi Doup (2287 m) et de Nui Chua (1044 m),
  • vers l’ouest par les hauteurs du Lang Biang (2163 m),
  • vers le sud par les monts du Padaran et ceux du Song Mao (monts des trésors),
  • et vers l’est, elle est fermée par la baie de Phan Rang.

La vallée est traversée par le Song Kinh Dinh, dont l’embouchure est au niveau de la ville de Phan Rang et un peu au sud de la lagune de Nai. La partie haute de la vallée est une zone semi-aride, vers le sud de la baie se formait le grand erg maritime de Mui Yen (Cap Padaran).

La baie de Phan Rang

La baie de Phan Rang

Peuplée de divers groupes ethniques

La vallée de Phan Rang est peuplée de Vietnamiens, essentiellement le long des côtes, de Cham, de Raglaï, de Churu et de Coho dans les pénéplaines ou sur les contreforts du massif sud-annamitique. Le sud de la vallée, vers Cana, est jadis un territoire de chasse des princes chams, un genre de savane aride africaine, où abondaient rhinocéros, éléphants et félins de tous genres.

Cham de Phan Rang vers 1930

Des Cham de Phan Rang vers 1930

Phan Rang était la principauté chame de Pin t’o-long, la partie septentrionale du royaume du Panduranga. Les villes et palais cham généralement en bois ont disparu, restent une série de temples disséminés dans la vallée.

Les principaux étant :

Le Pô Rome

L’ensemble des vestiges du Pô Rome (Porome), se situe au sud de la plaine de Nha Trang, il est édifié sur un double mamelon rocheux, il comprend un kalan et une tour sud en brique. Le Madrolle de l’Indochine du Sud le décrit ainsi : … Tour contenant deux piédroits inscrits, deux statues de Nandin en pierre, un bas-relief représentant un roi déifié avec les attributs de Çiva, deux statues de femmes (reines), dont l’une porte une inscription sur la poitrine. Pô Rome (1627 – 1651) fut le dernier roi du Champa indépendant, il mourut en cage, captif des Annamites.

Temple de Pô Rome (crédit photo : Inrajaya Incredible Champa)

Temple de Pô Rome (crédit photo : Inrajaya Incredible Champa)

L’ancienne cité chame de Krong Laa

Le site se situe non-loin du Pô Rome, dans l’actuel bourg de Chung My (An Phu). La cité s’étend vraisemblablement vers l’est de l’actuel pont sur le Song Lu (ou Song Vieu – ou Krong Biuch), jadis connu comme le fleuve de la forteresse, ainsi dénommé à cause des remparts édifiés par les rois cham et, dans les environs desquels, à l’ancien Chakling, le roi cham Harivarman affronte avec succès l’armée khmère en 1145 et en 1158.

La cité fortifiée est ainsi décrite dans les annales (Madrolle du Sud) : … le nom ancien de la cité fortifiée est Krong Laa (Palei Bachong). Ce site marqué par la stèle de Glai Lamov, était déjà au VIIIe s.A.D. le siège de la principauté du Panduranga, où s’élevait la magnifique demeure de Cri Satyavarman. Dans l’enceinte, on ne relève plus que les vestiges de quelques édifices en briques.

Comme de nombreuses autres capitales du Champa, la cité est abandonnée ou détruite, en sa partie ouest est élevé un temple au IV ième siècle que les Malais de Sumatra saccagent en 787, il est relevé en 808 et correspondrait à la stèle de Da Trang.

Le Pô Klong Garai

Le site du temple du Pô Klong Garai (Pô Klaung Garai) est édifié sur un mont granitique, localement nommée le mont du Bétel (Cho’k Hala), à une quinzaine de kms à l’ouest de la ville de Phan Rang.

Temple du Pô Klong Garai (crédit photo : Inrajaya Incredible Champa)

Temple du Pô Klong Garai (crédit photo : Inrajaya Incredible Champa)

Le temple çivaïte est construit sur un élément plus ancien, il forme un groupe de quatre édifices-tours en briques bâties à la fin du XII ième siècle sous le roi Jaya Simha Varman III. La tour principale est ornée d’un visage-humain de type mukka-linga, sur le fronton apparait une sculpture représentant Çiva dansant et agitant ses six bras, une dance faisant s’écrouler l’univers lors des destructions périodiques du cosmos. À l’intérieur apparait un linga, il s’offre à l’adoration des fidèles, figure génératrice reconstituant l’univers et soufflant un vent d’espoir. Y figure également une statue d’un taureau (un Nandin), monture favorite de Çiva et symbole des récoltes. Diverses inscriptions apparaissent sur les bas-reliefs et narrent généralement les exploits des dynasties locales, guerres, répression de révoltes et autres faits d’armes.

Statue chame de Shiva au XIX ième siècle

Statue chame de Shiva au XIX ième siècle

À l’ère coloniale, sur les pentes de la colline est construit un petit monument en l’honneur de l’explorateur Odend’hal tué par les rois du feu jaraï en 1904, dans la région de Pleiku.

Le Pô Ba Rau

Le site du temple du Pô Ba Rau (ou Hoa Lai ou Ba Thap) se situe dans le nord de la plaine de Phan Rang, sous les contreforts sud-est du massif du Nui Chua. Il constitue un petit sanctuaire de trois tours en brique, le kalan central est plus fin que les deux autres et il est orné de sculptures de Dvarapalas (divinités gardant les portes des temples et des monastères indouistes, de forme humaine ou démoniaque).

D’autres sites et des rencontres

D’autres temples et des stèles parsèment la vallée, les plus notables étant : le Po Gha, le Chu Linh Son, le Ca Du, le Dam Vua, le Hon Do, le Da Trang et le Po Ina Nagar. Lors d’un séjour à Phan Rang, d’autres sites sont visitables, notamment le muséum cham de Phan Rang, la ferme de la poétesse Mai Ly, le parc national du Nui Chua, les karangs et non loin, la maison du poète Jaka.

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