La langue vietnamienne, il faut le dire, est une langue difficile à comprendre et à apprendre pour celles et ceux qui ne connaissent pas le vietnamien. Cependant rien ne vous empêche de comprendre ses origines, sa structure grammaticale et ses caractéristiques pour parfaire votre connaissance culturelle ou de bien préparer son voyage au Vietnam.
Découvrons les caractéristiques de la langue vietnamienne :
Qu’est-ce que le vietnamien ?
Le vietnamien fait partie de la branche linguistique des langues austro-asiatique (sud-asiatique), celle-ci regroupe des langues comme le khmer (ou cambodgien). Le vietnamien est la langue maternelle la plus parlée de cette branche, par environ 85 millions de locuteurs, essentiellement concentrés au Vietnam, mais aussi au sein de la diaspora vietnamienne aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en France.
Le vietnamien est tout d’abord une langue tonale, où les syllabes sont rythmées par des tons. Le vietnamien possède 6 tons (5 dans l’accent du sud), et l’intonation constitue la principale difficulté pour tout visiteur occidental.
Le vietnamien est ensuite une langue à tendance monosyllabique. En effet, une majorité du vocabulaire est constitué de mots d’une seule syllabe, d’autres sont composés de deux syllabes, mais en revanche, les mots au-delà des deux syllabes sont extrêmement rares. Du coup, la plupart du lexique vietnamien se compose de deux mots simples à assembler :
- Bàn (qui se prend par la main) + ủi (repasser) = fer à repasser
- Bàn (qui se prend par la main) + chải (brosse) = brosse à dent
- Cây (bâton) kéo (couper) = ciseaux
- Cây (bâton) bút (écrire) = stylo
- Máy (machine) + giặt (laver) = máy giặt (machine à laver)
Enfin le vietnamien est une langue isolante, c’est-à-dire qu’elle ne propose pas de mots variables, le masculin et le féminin n’existent pas, il n’y a pas d’articles, pas de conjugaison et une grammaire très simple. C’est l’une des principales facilités pour quiconque souhaite apprendre la langue.
Par exemple, pour « conjuguer » en vietnamien, il faut employer simplement des indicateurs devant le verbe :
- Présent: đang
- Passé: đã
- Futur: sẽ
Apprendre le vietnamien
Comme on l’a vu plus haut, les principales difficultés pour apprendre et parler vietnamien, sont la maîtrise des tons, de la prononciation avec les 5 différents accents, mais aussi la différence de l’accentuation entre le dialecte d’Hanoi, celui de Hué et celui de Hô-Chi-Minh-Ville, l’ancienne Saïgon.
Enfin, les pronoms personnels sont impératifs à maîtriser, car je, tu ou vous, n’existent pas en vietnamien. Issus et régis par une société très familiale, les vietnamiens se considèrent entre-eux comme une seule et même famille. Les pronoms sont ensuite hiérarchisés selon l’homme ou la femme, et surtout par l’âge. Car au Vietnam, le respect des aînés et des ancêtres est le socle de la vie en communauté. C’est pour cela qu’au Vietnam, on vous demandera très souvent votre âge, afin de vous appeler par le bon pronom personnel. Voici une liste des principaux pronoms personnels :
- Ông : monsieur ou grand monsieur
- Bà : madame ou grande-dame
- Bác : l’oncle paternel aîné (les vietnamiens surnomment affectueusement Hô Chi Minh « Bác Hô »).
- Cô : la tante paternelle aînée
- Anh : le frère aîné
- Chị : la sœur aînée
- Em : la petite sœur, le petit frère
- Cháu : le bébé
Parmi les points de facilité pour apprendre la langue vietnamienne, citons l’écriture, car le vietnamien est la seule langue d’Asie à utiliser l’alphabet latin, même si il est composé de 29 lettres dont 12 voyelles. C’est Alexandre de Rhodes, missionnaire français du 17ème siècle qui a fait partie d’un maillon ayant contribué à romaniser la langue vietnamienne, autrefois écrite avec les caractères chinois, afin de faciliter la compréhension par le peuple, ainsi que de répondre à la volonté politique de l’époque, de se démarquer de la Chine et de la culture mandarine.
Lors d’un voyage en Europe en 1651, il fit éditer à Rome, le Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum, qui est un dictionnaire trilingue vietnamien-portugais-latin. Ce dictionnaire a permis de poser les bases de la romanisation du vietnamien et de la création de l’alphabet.
Cet alphabet dit diacritique, c’est-à-dire agrémenté des accents particuliers, est devenu le quốc ngữ, la langue nationale du Vietnam. Une fois l’alphabet appris donc, il est facile de lire facilement le vietnamien.
Si la langue vietnamienne a fortement été influencée par le chinois, la colonisation française durant l’Indochine française, a laissé de nombreuses traces dans le lexique vietnamien. De nombreux mots issus de l’alimentation, de l’habitat et de la mécanique sont directement issus du français. Voici quelques exemples :
- Cà phê : café
- op la : oeuf au plat
- so co la : chocolat
- ga : la gare
Les ressources disponibles
Si vous envisagez un voyage au Vietnam, vous pouvez apprendre quelques mots de la vie courante : les locaux apprécieront beaucoup votre effort de parler dans leur langue.
Pour celles et ceux qui souhaiterait vivre au Vietnam, des cours intensifs seront utiles et l’apprentissage de la langue vous apportera de nombreux avantages que tout le monde connaît (travail, autonomie, dialogue avec les locaux, etc.). Dans ce cas il faut consulter des ressources en ligne, un correspondant ou des écoles de langue.
- Sur Internet : Goethe, hoctiengviet, Annie (pour les anglophones).
- Correspondance : mylanguageexchange.com + www.contactsfrancophones.com
- Les écoles et associations :
Au Vietnam :
- L’Atelier, 33/19 Quoc Huong, 2ème arrondissement, Hô Chi Minh Ville. Contact : anphu@yahoo.com
- L’Université des sciences sociales et humaines d’Hô-Chi-Minh-Ville, 2 Dinh Tien Hoang, 1er arrondissement, Hô Chi Minh Ville. Site internet : hcmussh.edu.vn
- Indochine, association de linguistique d’Ho Chi Minh Ville, 8 Mac Dinh Chi (au 5ème étage), 1er arrondissement, Hô Chi Minh Ville.
- L’Université des sciences sociales et humaines de Hanoï, B7 Bis Dai Hoc Bach Khoa, Hanoï. Contact : ktvphuc@hn.vnn.vn
- L’Alliance française, 24 Trang Tien, Hanoï. Contact alli@hn.vnn.vn
En France :
- Université Paris Diderot, Licence en Langues, Littératures, Civilisations Etrangères (LLCE), spécialité vietnamien.
- L’institut des Langues et des Civilisations Orientales (INALCO) qui propose une licence et un master de vietnamien.
- L’association UJVF – Union des Jeunes Vietnamiens de France, 16 rue du Petit Musc, 75004 Paris. Site internet : ujvf.org
Bonsoir Alex ,
Oui, ça me tenterais d’apprendre le vietnamien avec ma fille de 12 ans (née à Vung Tau) que nous avons adopté.. Je pense à son avenir , à ses racines… Mais, je ne sais pas par où commencer !! la langue me parait si compliquée a apprendre ..Je suis moi même franco-britannique et c’est un bonheur pour moi de parler l’anglais quand je retourne sur mon Ile natale (Jersey).. Je voudrais que ma fille puisse vivre adulte ce même bonheur !
Beaucoup de Vietnamiens croient qu’Alexandre de Rhodes est celui qui a inventé le quốc ngử, alors qu’il n’était qu’un maillon d’une chaîne, et qu’il avait lui même déclaré avoir eu comme « maître, François de Pina » , qui avait élaboré dès 1622 un système de transcription alphabétique adapté à la phonétique et aux tons de la langue vietnamienne et commencé à rédiger une grammaire. Il avait aussi confirmé avoir «utilisé les travaux [ …] des P.P. Gasparil de Amoral et Antoine Barbosa » .
Les missionnaires portugais Gaspard de Amaral (au Tonkin de 1635 à 1639) et Antoine Barbosa (en Annam en 1635) avaient travaillé à mettre au point un système de transcription des tons et des sons de la langue vernaculaire vietnamienne par utilisation de l’alphabet latin accompagné de signes diacritiques pour permettre l’accès à la lecture et à l’écriture à un maximum de Vietnamiens. Le premier compila le premier dictionnaire Vietnamien-Portugais et le second le premier dictionnaire Portugais-Vietnamien.
Aucun de ces deux dictionnaires n’existerait encore aujourd’hui, mais ils constituaient la base du Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum (Dictionnaire annamite-portugais-latin) qui finit par un Linguae Annamiticaeseu Tunchinensis Brevis Declaratio, un précis de grammaire vietnamienne de 31 pages, que publia le père jésuite français Alexandre de Rhodes1 (1591-1660) à Rome en 1651. Dans la même année, celui-ci fit éditer un Catechismus Pro iis qui volunt suscipere Batismum (Catéchisme pour ceux qui veulent se faire baptiser en huit jours) dans cette nouvelle écriture. Celle ci, pendant deux siècles, fut purement réservée à la vulgarisation des textes évangéliques.
Bonjour “Ziggy”,
ça nous fait plaisir de lire un commentaire comme le vôtre ! Nous pouvons que vous suggérer la liste des ressources disponibles présentée en fin d’article pour commencer. Vous avez à la fois des logiciels pour apprendre à écrire mais aussi à prononcer. Etant moi-même français d’origine vietnamienne, je suis heureux de pouvoir parler la langue du pays de mes origines. Votre fille croyez-moi en sera très heureuse.
Au plaisir de vous lire
L’équipe 360 degrés, blog d’Amica Travel.
Bonjour Nguyen Ngoc Chau,
Un grand merci pour ces précisions détaillées ! L’article est initialement écrit pour présenter de manière globale les caractéristiques de la langue vietnamienne, mais les détails de nos lecteurs sont bien entendu toujours la bienvenue !
Merci pour vos lectures
L’équipe 360 degrés, blog d’Amica Travel.
Bonjour
Mariée a un vietnamien j aimerais enfin apprendre le vietnamien afin de pouvoir comprendre beaucoup de choses.j habite en France
Pourriez vous me donner le nom de ces logiciels
Cordialement
Africain Tran
Bonjour Africain Tran,
Vous retrouverez en toute fin d’article, une liste de ressources disponibles pour apprendre le vietnamien.
Bon courage ! 🙂
L’équipe 360 degrés, blog d’Amica Travel.
Bonjour Alex,
Tout d’abord votre article sur la langue vietnamienne est très intéressant. Concernant la partie ou vous présentez les écoles qui enseigne le vietnamien vous parlez de l’UFR LCAO de Paris Diderot. Mais juste à côté de cette fac il y a également l’institut des Langues et des Civilisations Orientales ( INALCO) qui propose une licence et un master de vietnamien.
Bonne journée.
Cordialement
Apolline
Bonjour Apolline,
Merci à vous d’avoir lu notre article ! Je vais rajouter cette école, dont je connais par ailleurs, dans la liste des établissements dispensant des cours de vietnamien.
Belle semaine à vous
L’équipe 360 Indochine, blog d’Amica Travel.
Bonjour Alex,
j’étais à la recherche de mots de 3 syllabes en vietnamien mais hélas mes amis me disent que cela bn’existe pas. Si vous avez des exemples, c’est avec plaisir, je cherche cette information pour un article.
Egalement, l’Alliance Française n’existe plus. Désormais, c’est l’Institut Français. On peut les joindre sur cette page : https://ifv.vn/fr/nous-contacter/#/
Ou directement pour des cours (de français ou de vietnamien) à cette adresse : ecolehanoi@ifv.vn
Au plaisir de vous lire 🙂
Yves
Bonjour Alex,
J’ai lu avec interet le commentaire de Nguyen Ngoc Chau auquel je veux ajoute un addendum.
A la liste des noms des pretres jesuites qu’ avait faits reference Chau dans son commentaire, il faut aussi ajouter le role qui reste mal connu de Pierre Joseph Pigneau de Behaine, aussi connu sous son nom vietnamien de Bá Đa Lộc.
Base sur des œuvres des prêtres portugais et italiens dont Gaspar do Amaral, António Barbosa and Francisco de Pina, Alexandre de Rhodes (1593−1660) a publié à Rome en 1651 le Dictionarium Annamiticum Lusitanum, considéré comme le texte fondateur de la transcription du vietnamien en alphabet de type latin connu sous le nom de ‘Chữ Quốc Ngữ’ (une copie du dictionnaire peut etre telecharge sur le site de la Bibliotheque Nationale du Portugal – Biblioteca Nacional de Portugal).
Mais, jusqu’à la fin du 19eme siècle, le ‘Chữ Quốc Ngữ’ reste confine aux actions de l’église. Il s’avère aussi que la plupart des écrits de l’église chrétienne au Vietnam étaient rédigées en ‘Chữ Nôm’ (voir plus bas). Bá Đa Lộc qui a passe plusieurs annees pour apprendre le Chinois et le Chữ Nôm était l’ un des auteurs du Dictionarium Anamitico Latinum (Dictionnaire Taberd) publié en 1838 ou il a fait un grand travail pour traduire les mots Nom en ‘Chữ Quốc Ngữ’ . Cet œuvre a une grande valeur dans les efforts de préservation des trésors du ‘ Chữ Nôm’ par la Fondation de la Préservation de l’Ecriture Nôm, etablie a Hanoi.
Quelques details sur le ‘Chữ Nôm’: La creation du ‘Chữ Nôm’ avait commence vers le Xe siècle et servait a remplacer le chinois traditionnel qui servait de langue officielle au Vietnam. Basee sur le chinois, le ‘Chữ Nho’ est une demarche visant a adapter à la prononciation de l’ancien vietnamien. Des demarches similaires ont eu lieu au Japon et en Coree. C’est un système d’écriture logographique qui utilise des caractères chinois avec d’autres mots représentés par de nouveaux caractères créés à l’aide de diverses méthodes. Au début, l’écriture Nôm a simplement emprunté le son des caractères chinois pour transcrire l’ancienne langue vietnamienne. Petit à petit, une approche plus sophistiquée fut adoptée, qui résulte en la combinaison de deux caractères chinois, le premier phonétique évocateur de la prononciation du mot en vietnamien ancien et le 2eme plus sémantique, pour le sens du mot en écriture Nôm. Cette écriture composite était donc très complexe et n’était accessible qu’a une petite minorité de la population.
Cordialement, Trung
Bonjour Trung,
Un grand merci pour toutes les précisions détaillées et très intéressantes !
Merci pour vos lectures
L’équipe 360 degrés, blog d’Amica Travel.