En cette édition, nous voyageons vers Nam Dinh, une province du fleuve Rouge aux multi-charmes et chère au cœur d’Amica Travel, puisque qu’elle est la terre natale de certains membres de l’équipe.
La province se constitue d’un réseau inextricable de bras de rivières enchevêtrés dans un labyrinthe de canaux naturels ou artificiels, de rizières et de mangroves ; elle brille par son aspect antique et représente un des vieux foyers culturels du peuple annamite, étant jadis le centre littéraire du Tonkin.
Elle constitue une étape de choix entre Hanoi et Tam Coc, entre découvertes culturelles et balades à vélo.
- I. Aperçu général
- II. L’œuvre patiente de deux cours
- III. Le labyrinthe de canaux et de rivières enchevêtrées
- IV. Les dépôts alluviaux et les fameuses digues
- V. Des rizières à l’infini
- VI. Nam Dinh dans les temps anciens
- VII. Le grand concours des lettrés de Nam Dinh
- VIII. Nam Dinh à l’époque coloniale
- IX. Nam Dinh et l’adjudant-chef Roger Vandenberghe
- X. Nam Dinh de nos jours
Aperçu général
Nam Dinh se situe au sud-est du delta du fleuve Rouge, au Nord Vietnam. Elle s’étale dans la région de l’embouchure du fleuve, sur une zone bordant la baie du Tonkin, dans un vaste espace deltaïque et rizicole, entre Hai Phong au nord et Thanh Hoa au sud.
L’œuvre patiente de deux cours
La région est l’œuvre patiente de deux cours principaux et de leurs subdivisions :
- Au nord, la rivière Thai Binh.
- Et au centre et sud le fleuve Rouge ; celui-ci se divise en plusieurs bras reliés entre eux par tout un réseau de canaux naturels, les plus notables étant ceux des Rapides, celui de Nam Dinh et celui des Bambous.
Vers l’est, la région est surplombée par les contreforts des monts de Cuc Phuong et ceux de Thuong Tien, et, un peu plus au sud-est, au niveau de Tam Diep, par les monts calcaires dit des 99 collines.
Le labyrinthe de canaux et de rivières enchevêtrées
- Sur un axe nord-sud, les principaux cours y sont le Song Kinh Thay, le Song Thai Binh et le Van Uc, (au niveau de Haiphong, Hai Phong), le Song Tra Ly serpente vers le centre.
- Au sud, le bras principal du Fleuve Rouge se divise au niveau de la ville de Nam Dinh, formant des branches tortueuses et des canaux naturels déversoirs dont le Song Ba (Cua Ba Lat à son embouchure), le Song Ninh Co, le Song Lach Giang, le Song Nam Dinh et le Song Day.
Les dépôts alluviaux et les fameuses digues
Le relief de la province de Nam Dinh n’est pas complètement uniforme, çà et là apparaissent des dépôts alluviaux, des socles rocheux, des dômes et des monticules où sont perchées des pagodes. Les dépôts alluviaux sont accumulés par le fleuve Rouge sur ses rives, parfois larges de plusieurs centaines de mètres, ils protègent des inondations et sont renforcés par des digues que le peuple annamite construit depuis des siècles pour se protéger des crues parfois furieuses du fleuve et pour créer des espaces dédiés à l’aménagement de rizières.
Des rizières à l’infini
Ces rizières s’étendent à l’infini, elles sont ainsi décrites par un voyageur d’antan qui effectue la route Hanoi – Nam Dinh : … La rizière, qui commence à la sortie de Ha-noi et se déroule presque ininterrompue, à peine mamelonnée au-delà de Ninh-binh jusqu’au cœur de l’Annam cependant sur de vastes espaces, presque infinis, le velours si doux de ses houles vertes, ne prête guère à la description. Et pourtant, je sais des poètes épris de la vérité de ses nuances, de la largeur de ses horizons, du clame onduleux de son immensité, du silence impressionnant et de la monotonie saisissante de la plaine sans fin… Il y a une indéniable beauté dans l’uniformité presque sans limites de cet incommensurable tapis vert…
Les riz verts ont parfois des flots comme la mer
Le vent de la large courbe, avec son souffle amer
Les tiges des épis et les fleurs des prairies
Et ce sont des roulis et des houles fleuries
Se perdant lentement à l’horizon profond… (Madrolle, Indochine du Nord)
Nam Dinh dans les temps anciens
Dans les temps anciens, Nam Dinh est recouverte de mangroves le long des côtes et plus dans les terres de bois-bas, de zones de roseaux et de marécages impénétrables, repères de crocodiles, de cobras et de buffles sauvages d’eau. Les restes de ces entendues se retrouvent de nos jours dans le parc national de Xuan Thuy.
Puis la région dépend des Han du Giao Chi Quan, et sous les Wou du Giao Chau (les Chinois). Sous les Trân, en 1232, elle est divisée en deux districts : An Tiem et Kien Xu’ong. Sous les Ming, elle devient territoire de Phung Hoa et de Kien Binh, sous les Le, de ceux de Thien Tru’ong et de Nghia Hu’ung. En 1822, la province de Nam Dinh est constituée.
Le grand concours des lettrés de Nam Dinh
À l’époque de l’Annam, Nam Dinh est célèbre pour recevoir le grand concours des lettrés, un concours confucéen. Les candidats y sont dix mille, pour en moyenne soixante reçus. Quatre épreuves se succèdent. Les deux premières sont éliminatoires. Il est prohibé de sortir du camp durant toute la durée des épreuves. Les heureux reçus deviennent alors mandarins ou se dirigent vers des postes administratifs dans le gouvernement de l’Annam.
Nam Dinh à l’époque coloniale
La citadelle de Nam Dinh ou le Mirador (Nang Tinh), est élevée à la Vauban en 1804. En décembre 1873, elle est assaillie et prise par Francis Garnier et ses quatre-vingt-dix hommes. Elle est restituée le 10 janvier 1874 et reprise plus tard par le capitaine Rivière. Elle est détruite en 1891.
Nam Dinh devient ensuite un centre majeur de l’industrie portuaire et du textile, cette dernière étant axée sur le coton, la soie et les couvertures.
Des vestiges architecturaux de cette période y subsistent, notamment :
- L’église Saint-Nicolas, sur les rives du lac Vi Xuyen, avec un dôme de style florentin.
- L’ancien séminaire Saint-Albert, aujourd’hui l’école primaire Nguyen Van Cu.
- L’usine textile de Nam Dinh.
- L’école Saint-Thomas d’Aquin, désormais l’école Nguyen Khuyen.
- La ville possède pareillement plusieurs pagodes, dont l’une des plus anciennes est la pagode Co Le (XI ième siècle).
Au nord de la ville, s’étend le quartier de Tuc Mac (la ville d’Or), site où naquit le fondateur de la dynastie des Trân (1225,1414) … La famille Trân était par ses ancêtres d’origine mân, depuis son installation dans le delta, elle habitait le village de Tu’c-mac où les hommes exerçaient le métier de pêcheur. Un des leurs, Trân-thu-do, parvenu aux plus hautes digitées sous la dynastie des Ly postérieurs, fit épouser la petite reine Li-chieu Hoang a l’un de ses jeunes neveux, Trân -canh, âgé de huit ans, qui devient roi sous le nom de Trân -thai-ton (1226-1258) ; celui-ci fut le premier roi de la dynastie des Trân (Madrolle, Indochine du Nord).
Nam Dinh et l’adjudant-chef Roger Vandenberghe
Nam Dinh est également connue comme étant l’ancienne base de l’adjudant-chef Roger Vandenberghe, surnommé Vanden, le sous-officier le plus décoré de l’armée française au XX ième siècle, avec dix-huit citations. Celui-ci dirige un commando (le commando Vandenberghe, surnommé les tigres-noirs) utilisant les techniques de guérilla du Vietminh. Il est finalement trahit par son bras-droit vietnamien qui, le 25 janvier 1952, l’assassine durant son sommeil. Il avait vingt-cinq ans. Sa tombe de Nam Dinh porte le numéro 263, puis en 1987, son corps, ainsi que celui de son frère Albert sont rapatriés en France.
Nam Dinh de nos jours
De nos jours, Nam Dinh constitue une étape authentique et de choix entre Hanoi et Tam Coc, divers sites y sont visitables dont :
- La pagode bouddhiste de Co Le, une impressionnante oeuvre de style gothique reconstruite en 1920 par le moine Pham Quang Tuyen durant la dynastie Ly.
- L’ancien pont de Ngoi Hai Minh, structure emblématique de l’architecture d’antan, érigée il y a plus de 500 ans, et pourtant toujours intacte.
- L’église de Pham Phao, imposant monument religieux à l’effigie de la lignée de la famille, et l’impressionnante église de Giao Phong.
- La cathédrale abandonnée en front de mer.
Cette région auréolée par d’illustres personnages comme le mathématicien et poète Luong The Vinh, ou le scientifique et philosophe Dao Su Tich constitue une belle occasion de :
- Rencontrer des artisans émérites dont M. Trien, l’un des pionniers dans la fabrication des renommées marionnettes sur l’eau, qu’il vend à travers tout le pays, ou des mains habiles du village Co Chat réputé pour son tissage de la soie.
- Visiter un atelier d’instruments en bronze connu nationalement de par ses techniques à l’ancienne utilisées pour fabriquer et réparer tout type de modèle.
Idéalement, ce berceau du catholicisme au Vietnam s’explore à vélo au milieu de cette incommensurable houle verte quadrillée en champs rizicoles, jonchée de petits canaux paisibles, et d’églises en tout genre.