Les deux plus grandes villes du Vietnam, distantes de près de 1145 km à vol d’oiseau ont chacune leur propre identité. Si vous avez la chance de pouvoir visiter ces deux villes lors d’un même voyage au Vietnam, vous verrez qu’elles se différencient sur bien des aspects.
Histoire, culture, cuisine, climat, mentalité, etc. : nous allons vous évoquer 6 points de différences. Dans l’imagerie populaire, les Vietnamiens et tous ceux qui connaissent le pays, aiment comparer, ironiser et charrier sur les deux principales villes du pays.
1. La météo
Hanoï, possède un climat subtropical avec une saison sèche et assez fraîche et une saison estivale chaude et humide.
La différence avec Saïgon, la tropicale, l’enfiévrée avec ses températures chaudes tout le long de l’année, est qu’Hanoï possède un climat assez frais pour cette latitude durant les mois d’hiver, caractérisé par une bruine très fine. Cette spécificité climatique donne son charme à la ville, notamment avec ses lacs qui s’embrument, conférant à la ville, son côté mystérieux, nonchalant, presque endormi.
2. Le paysage urbain
Si les deux villes sont plates et ne comportent pas de reliefs, Hanoï se caractérise avant tout par la présence de nombreux lacs dans son paysage urbain. Les rives de ses lacs sont souvent verdoyantes, synonymes de flâneries et imagées en lieux romantiques. Sur le plan urbanistique, c’est une ville qui a été aussi bâtie par les empereurs et selon les règles de la géomancie. La cité possède en son cœur un centre historique, où les rues s’entremêlent dans le quartier des 36 rues. Au sud et à l’ouest de ce quartier, on retrouve un plan en damier, héritage de la colonisation française.
Saigon se remarque avant tout par un centre « historique » en plan de damier, car l’histoire urbanistique de la ville est beaucoup plus récente qu’Hanoi, et a véritablement commencé sous la colonisation française. La seconde caractéristique est la présence d’un skyline de son quartier d’affaires avec ses grattes ciels à l’architecture contemporaine. A la différence d’Hanoi, où la diffusion est plus diffuse, les tours saïgonnaises sont regroupées dans un même périmètre, au bord de la rivière Saigon.
3. L’héritage architectural et culturel
Là aussi une grosse différence : Hanoi avec son implantation millénaire, et capitale historique (excepté Hoa Lu et Hué) et actuelle du Vietnam, a hérité de nombreux monuments et de musées. Par sa diversité architecturale, Hanoï est un livre d’architecture à ciel ouvert que Saïgon n’a pas. Par son histoire, la ville est surtout le lieu d’origine de plusieurs grandes légendes de la nation vietnamienne, celle de la tortue de l’épée restituée en est une des plus célèbres. L’imaginaire collectif vietnamien puise ainsi ses racines à Hanoï.
Saïgon tire ses modestes origines historiques du Cambodge, puisqu’elle n’était qu’un tout petit village de pêcheurs khmers nommé Prey Nokor. C’est à partir de la colonisation française que la ville hérite aujourd’hui de ses principaux monuments.
4. Hanoi l’administrative, Saigon le commerce
Au Vietnam, on dit que Hanoi est vouée à l’armée et à la politique et que Saigon est vouée au commerce. C’est un peu cliché mais ce n’est pas faux du tout.
En étant la capitale, Hanoi est naturellement le siège des principales administrations du pays, dont l’Assemblée nationale, le Palais présidentiel et le siège de nombreuses ambassades. C’est aussi à Hanoi que la lutte pour l’indépendance du Vietnam, ainsi que la réunification du pays sont parties. De nombreux musées et vestiges historiques, témoignent de la guerre et le mausolée de la plus grande personnalité du pays, Hô Chi Minh, se trouve à Hanoi.
Saigon, a toujours été vouée au commerce, par son emplacement géographique stratégique proche du delta du Mékong et au bord de la rivière éponyme. La présence de nombreux marchands mais surtout la présence française et américaine a fait de Saigon une ville plus ouverte sur le monde que Hanoi. Aujourd’hui, le business, l’entrepreneuriat, l’innovation et les échanges font d’elle, la capitale économique incontestable du Vietnam.
5. Le rythme de vie et la vie nocturne
Même si avec la mondialisation, l’écart de rythme de vie entre le Nord et le Sud se réduit, Hanoï et le Nord du Vietnam ont gardé ce rythme lent ancestral notamment dans une campagne à la riziculture encore peu mécanisée, résultant du communisme-socialisme ancré depuis les années 1950. Dans le centre-ville d’Hanoi, on observe entre le flux intense du ballet de la circulation, des échoppes et des lieux où l’on aime bien prendre son temps, où l’on se paresse, où l’on pratique le tai-chi. Bien différent du Sud, où l’américanisation et l’occidentalisation sont arrivés plus tôt et ont laissés de profondes traces.
De ces influences, résultent d’une vie nocturne très différente entre Hanoï, où l’on n’est pas autant noctambule avec le couvre-feu que les saïgonnais. La métropole du Sud donne cette impression d’une ville qui ne s’endort parfois jamais.
6. L’accent
L’accent officiel, celui qui est enseigné dans les écoles, est celui d’Hanoï. Mais comme Saïgon est située beaucoup plus au sud, la prononciation persiste dans la différenciation, entre un ton du nord (miềng bắc : celui de Hanoï) plus fort, plus saccadé dans le son, que dans le sud (miềng nam : celui de Saïgon, aujourd’hui Hô-Chi-Minh-Ville) où la prononciation est plus traînante. Un local saura parfaitement distinguer les deux accents.
La différence majeure réside dans le fait qu’il y a 6 tons dans le Nord, alors qu’il y’en a que 5 dans le Sud.
Le vocabulaire de certains mots très courants, prend une tournure complètement différente que l’on soit à Hanoï (N) ou à Saïgon (S) :
- Bol : chén (S) | bát (N)
- Porc : thịt heo (S) | thịt lợn (N)
- Sauce soja : nước tương (S) | xì dầu (N)
- Cuillère : muỗng (S) | thìa (N)
- Climatiseur : máy lạnh (S) | điều hòa (N)
7. La cuisine
Les différences s’appliquent aussi pour la cuisine vietnamienne, à Hanoï et dans le Nord du Vietnam, la cuisine est fine dans ses arômes, dans le travail de la découpe, mais riche en viandes de type grillades. Elle fait largement place aux soupes (même le matin au petit-déjeuner) et aux produits issus des milieux lacustres (grenouilles, mollusques, poissons d’eau douce, crabes des rizières, etc.). Le Nord du Vietnam est aussi connu pour sa consommation de viande de chien, surtout dans les zones rurales.
La cuisine saïgonnaise et plus globalement du Sud Vietnam, a été influencée par la cuisine khmère, thaïlandaise et chinoise : elle joue sur le sucré-salé, elle est plus épicée, on y ajoute du lait de coco et est plus généreuse en légumes et fruits, dû à l’abondance du delta du Mékong. La cuisine des fruits de mer est aussi différente car dans le Sud, l’on utilise les fruits de mer du large (crustacés, coquillages et crevettes notamment).
Chacune de ces deux villes possède sa propre identité culinaire avec ses propres plats.
Conclusion des deux villes en quelques adjectifs :
- Hanoï : authentique, populeuse, contrastée, millénaire, unique, encore discrète, tenace, sage.
- Saïgon : tropicale, bouillonnante, enfiévrée, active, rebelle, commerçante, désinvolte.
Voilà notre petite liste de différences entre ces deux villes, n’hésitez pas à rajouter les vôtres !
Bonjour,
Je parle couramment le vietnamien du nord (Maman était vietnamienne); avec toutefois quelques oublis.
Par contre, je n’arrive pas à comprendre le vietnamien du sud, langue qui m’est complétement étrangère. 🙂
Bonjour M. Truchot,
C’est génial d’avoir su garder la langue de ses origines ! Si vous tendez bien l’oreille, les nordistes et les sudistes fort heureusement se comprennent, mais de nombreuses nuances et accentuations rendent la tâche parfois difficile ! C’est la beauté d’une langue.
Merci à vous pour vos lectures
L’équipe 360 degrés, blog d’Amica Travel.