Le Nord-Est Vietnam (Cao Bang) est célèbre pour ses massifs calcaires, ses peuples et son histoire. Il l’est également pour une de ses légendes : le lieutenant-colonel Dang Van Viet. Il y a un an, nous célébrions le soixante-dixième anniversaire des combats de la RC4 (octobre 1950) et, en ce jour, nous honorons la mémoire du fameux « Roi de la RC4 », décédé ce samedi 25 septembre 2021 à l’hôpital d’amitié Vietnam-Russie de Hanoi.

Le lieutenant-colonel Dang Van Viet est connu sous les noms de « Tigre ou Loup gris de la RC4, Napoléon vietnamien, Roi de la RC4 ou général sans étoiles ». Il né dans la province de Nghe An en 1920, issu d’une famille aristocratique : son père, Dang Van Huong, est vice-ministre de la justice sous la dynastie des Nguyen. Durant son adolescence, il est ami avec l’impératrice Nam Phuong (Parfum du Sud). Pendant les « années Decoux », il est scout, puis il étudie la médecine deux ans à l’université de Hanoi ; après le coup de force des Japonais de mars 1945, il s’engage dans les rangs des forces armées de la République démocratique du Vietnam. Le général Giap, qui est son ami, lui confie le front Nord-Est et le régiment 174, le régiment de la RC4 est fondé.

De 1947 à 1950 Dang Van Viet et ses hommes mènent diverses attaques et embuscades sur l’axe et les forts de la RC4 et RC3. Il y applique les principes de l’Art de la Guerre de Sun Tzu : l’ennemi avance, nous reculons ; l’ennemi s’arrête, nous le harassons ; l’ennemi est fatigué, nous l’attaquons ; l’ennemi se replie, nous le poursuivons. Après la victoire de la RC4, pendant tout le reste de la guerre d’Indochine, le lieutenant-colonel mène divers combats et opérations, notamment celle de « sur le dos du Dragon », opération visant à harceler les alentours de Hanoi. Durant sa carrière militaire, il accumule cent vingt engagements, dont seulement quatre de perdus. Après la guerre, il est « écarté » et envoyé comme instructeur dans une école militaire en Chine.

À son retour, il quitte l’armée et fait carrière comme ingénieur civil. Il se marie, a deux enfants. Il écrit ensuite plusieurs livres sur la campagne de la RC4, dont « Les souvenirs d’un colonel Vietminh » (Indo Éditions. Paris, 2006). À la fin de sa vie, entre quatre-vingt-dix ans et cent deux ans, il se dédie corps et âme à deux projets principaux : écrire une histoire militaire du Vietnam et, peut-être le plus important de tous, la réhabilitation de la mémoire et nom de son père.

Dang Van Viet fait partie de la génération des anciens, même s’il combat la France, il l’aime comme une mère, il connaît sa langue et ses subtilités, il aime ses hommes, ses terroirs, ses fromages, ses châteaux, sa musique, sa littérature et son humanisme.

Dans le cadre du développement de divers projets dans la province de Cao Bang, le service de production et la direction d’Amica Travel rencontrent Dang Van Viet. Une amitié se crée, sa passion pour cette contrée est toujours vive, sa mémoire limpide. Pour Amica, il devient un mentor, un exemple d’homme, de vie, de courage, d’ouverture d’esprit et d’humilité.

Sa légende et sa mémoire flottent désormais sur les monts brumeux de Cao Bang.

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