Situé à 165 km de Siem Reap, Banteay Chhmar représente le quatrième temple le plus important et paradoxalement le moins connu de la période angkorienne.
- I. Un site-relique de l’héritage khmer
- II. Édifié sous le règne de Jayavarman VII
- III. En harmonie avec la configuration céleste hindouiste
- IV. Orné de bas-reliefs d’exception
- V. Le barattage de l’océan de lait
- VI. Un temple à découvrir en compagnie d’un spécialiste de l’histoire des reliques du Cambodge
Un site-relique de l’héritage khmer
Fondu dans un environnement intact, ce site archéologique unique composé d’un complexe de temple ceint par de longues douves, et un vaste baray, constitue une artère vitale du patrimoine culturel du Cambodge. Malgré l’absence d’écrit officiel sur son appellation, les érudits apparentent le nom Banteay Chhmar à “La Petite Citadelle” ou “La Forteresse Etroite” dérivé du mot khmer chhmarl ou chmarl (petit ou étroit), qui fut, par la suite, probablement transformé en chhmar (chat), renommant de ce fait le complexe en “Citadelle du Chat”.
Édifié sous le règne de Jayavarman VII
Entouré de neuf temples satellites, le site est construit en trois phases entre la fin du XIIème et le début du XIIIème siècle sous le commandement du roi Jayavarman VII – constituant jadis l’une des plus importantes “villes” provinciales du royaume. De style similaire au temple du Bayon, Banteay Chhmar est l’un des deux seuls sites en dehors de ce dernier à être pourvu d’énigmatiques tours à quatre visages, présentes sur au moins cinquante des structures du complexe principal. Selon les recherches, l’un de ces lieux saints est dédié à Indravarman, l’un des fils du roi, qui selon une inscription khmère trouvée dans l’enceinte, fut sauvé à deux reprises par quatre gardes royaux au prix de leurs vies.
En harmonie avec la configuration céleste hindouiste
Le complexe du temple est conçu pour refléter la théologie et l’astrologie hindoues. Les tours principales sont construites sur l’axe des quatre directions, entourées de murs et de galeries rectangulaires et entourées de douves, représentant le mont Meru, demeure de Shiva et axe de l’univers. Le temple principal porte quatre portes flanquées d’images de devata et de géants tenant le serpent naga sur les quatre directions principales (est-ouest et nord-sud) représentant l’univers sacré hindou. L’urbanisation de Banteay Chhmar donne vie à tout un complexe de communautés dans la région environnante – preuve qu’il s’agit d’un grand chef-d’œuvre durable de l’art et de l’architecture angkorienne.
Orné de bas-reliefs d’exception
Le site comprend une galerie extérieure sculptée de bas-reliefs complexes – dont la signification de certains demeurent encore inexpliquées – ayant survécu aux marques du temps et aux pilleurs. Les principales scènes représentées à l’extérieur de l’enceinte orientale sont celles d’une guerre entre les Khmers et le royaume Champa. Y sont aussi sculptées des illustrations de la vie quotidienne, similaires à celles présentes au Bayon, dans le parc d’Angkor, ainsi que de remarquables reliefs à thème religieux, impliquant notamment Jayavarman VII et Shiva.
Le barattage de l’océan de lait
Parmi ces légendes racontées à travers la pierre, l’une des plus emblématiques est liée au barattage de la mer de lait, ou barattage du nectar, un des épisodes les plus curieux de la mythologie hindouiste.
À l’origine du monde, les dieux (deva) et les démons (asura), alors encore mortels, sont en conflit pour la domination du monde. Affaiblis et vaincus, les deva sollicitent l’aide de Vishnou, le deuxième dieu de la trinité hindoue, qui leur propose d’unir leurs forces à celles des asuras afin d’extraire l’Amrita (ou Amrit, signifiant “non-mort” en sanskrit), l’ambroisie chez les grecs, la liqueur d’immortalité de Kshirodadhî (la mer de Lait).
Pour mener à bien cette entreprise, chaque camp jette des herbes magiques dans l’océan, puis installe le mont Mandara, une haute montagne dont le sommet ressemble à un nuage qui s’élève, sur le dos de Akûpâra (ou Kurma), le deuxième avatar du dieu Vishnou, à l’aide du robuste Ananta, obéissant à l’ordre de Brahma. Le serpent Vasouki (Vasuki), le roi des Naga est alors utilisé comme d’une corde pour enclencher un mouvement alternatif de rotation de la dite montagne par les troupes disposées de part et d’autres. Au bout de mille ans d’efforts, l’opération permet finalement la production du breuvage d’immortalité ; mais produit à la fois une nombre d’objets extraordinaires et d’êtres merveilleux qui jouent un rôle prépondérant dans le système religieux des brahmanes.
Cela inclut notamment : Surabhî, la vache d’abondance ; Vârunî, la déesse du vin ; Pârijâta, l’arbre du paradis parfumant le monde de la fragrance de ses fleurs ; Chandra, la lune dont Shiva para sa chevelure ; Airâvata, l’éléphant blanc qui devint la monture d’Indra ; ou encore les Apsarâs ou nymphes célestes.
L’une des plus belles représentations de ce mythe se trouve dans le complexe d’Angkor Vat.
Un temple à découvrir en compagnie d’un spécialiste de l’histoire des reliques du Cambodge
Docteur en architecture francophone spécialiste des monuments khmers, Olivier Cunin étudie depuis nombre d’années Banteay Chhmar et plus largement les monuments de style Bayon. Suivant les traces des premiers explorateurs français du début des années vingt comme Etienne Aymonier ou George Groslier, Olivier réalise des travaux inestimables permettant d’élargir la compréhension du complexe, dont notamment une saisissante reproduction architecturale en 3D de Banteay Chhmar.
Lors d’un séjour au Cambodge, rencontre de ce spécialiste afin de prendre la pleine mesure des réminiscences des splendeurs d’Angkor, tout en examinant les méthodes de recherches sophistiquées au niveau de l’archéologie du bâtiment et les techniques d’archéométrie.
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Je dois vous avouer que les Vietnamiens n’apprécient pas les Cambodgiens. Désolés, ! Je suis Franco-Vietnamien.